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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0478

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DE LA STATUAIRE CHRYSÉLÉPHANTINE. Ve PARTIE. 387
fermait Constantinople (0. M. Heyne, qui a pris soin de recueillir toutes les mentions
de ce genre, n'en a rencontré qu'un fort petit nombre qui soient relatives à notre sujet.
On les a déjà citées (Partie Ire, paragr. V) à l'article Mosaïque. Des trois statues d'Hélène,
dont ce court article contient le renseignement, une était d'ivoire 0), mais elle avait été
apportée à Constantinople par le rhéteur Cyprus. On peut donc demander si l'ouvrage
avait été exécuté à cette époque, ou si ce n'était pas plutôt une statue faite antérieu-
rement, et sur laquelle on aurait placé le portrait de l'impératrice : car, vers le temps
dont il s'agit, c'était plus que jamais l'usage de faire servir d'anciennes statues à de
nouveaux emplois, par le seul changement des têtes.

Nous trouvons dans les relations des historiens Byzantins, que quelques-unes des plus
célèbres statues de l'antiquité, ayant été transportées à Constantinople, avaient continué
d'y être admirées jusqu'au onzième siècle. Ainsi Winckelmann (3) a répété, d'après Cedrenus,
que cette ville possédait alors le Jupiter Olympien de Phidias, avec la Vénus de Cnide, la
Junon de Samos, etc. Ces ouvrages auraient orné le palais Lausus; mais, selon Zonare (4)?
ils avaient dû périr dans l'incendie de cet édifice, qui arriva vers l'an 47$, sous l'empereur
Basilisque.

Rien de plus aventuré que toutes ces notions pour ce qui regarde le Jupiter Olympien
de Phidias. Le seul passage de Cedrenus, sur lequel se sont appuyés ceux qui ont pro-
pagé cette opinion, suffit pour la discréditer. On a déjà remarqué (5) d'abord que Cedrenus,
en indiquant l'endroit de Constantinople où était cette statue, emploie l'imparfait stabat,
IVkto, ce qui voudrait dire qu'elle y avait été jadis, et qu'elle n'y était plus de son temps.
Mais l'ignorance de l'auteur (6), qui fait placer par Périclès dans le temple d'Olympie le
Jupiter de Phidias, prouve assez combien alors toutes ces notions étaient confuses, et le
peu de foi qu'on doit à de tels historiens.

Ce qu'il faut dire, c'est que dans les bas siècles on a appliqué le nom de Phidias à
beaucoup d'ouvrages, non-seulement étrangers,'mais postérieurs à ce grand artiste. Son
nom même était devenu une sorte de synonyme du mot sculpture, et l'on disait ars phidiaca,
comme ou aurait dit ars statuaria. Très-probablement la collection du palais Lausus
avait renfermé quelque célèbre statue de Jupiter en marbre ou bronze, et peut-être
faite à l'instar de celle d'Olympie. Cedrenus, en rappelant la mémoire de cet ouvrage,
détruit dans l'incendie, l'aura fait passer pour être le colosse d'or et d'ivoire, dont la
renommée subsistait encore.

Rien dans l'histoire ne peut nous apprendre quelle fut la destinée du Jupiter d'Olympie,
lorsque le christianisme eut renversé les temples du paganisme. Les dernières notions
qu'on trouve sur l'existence de ce chef-d'œuvre ne vont pas plus loin que le règne de
Julien l'Apostat. Libanius, qui vivait au temps de ce prince, donne à entendre que le mo-
nument de Phidias était encore dans son temple à Olympie, lorsqu'il parle de statuaires
allant à Pise dans le dessein de voir et d'imiter la statue de Jupiter (7). Si igitur statuants
Pisam euntibus persuaseris ut in Mo Jovis simulacro aliquid mutare audeant, et nos quoque
adversiis hanc Phidiœ orationem idem facere jube.

(1) Heyne. Comment. Societ. Gotting., tom. XT. — Priscœ artis opéra quœ Constantinopoli extitisse memorantur.
-(2) Anonym. 39. Codin. n° 73. — (3) Stor. dell' arte, lib. XII, tom. II, cap. 3, pag. 4^3. Edit. di C. Fea. —
(4) Annal., lib. IV, pag. 5a. — (5) Stor. dell' arte, ibid., p. 4a4- — (6) Cedrenus. Comp. Histor., tom. I, p. 322.

(7) Liban. Epist. io52, pag. 497-
 
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