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Quellinus, Hubertus [Ill.]; Quellinus, Artus [Ill.]
Architecture, Peinture Et Sculpture Da La Maison De Ville D'Amsterdam: Représentée En CIX. Figures En Taille-Douce ; Où l'on trouve non seulement l'Elévation des quatre Faces du dehors, mais encore tous les Ornemens du dedans, comme Statues, Colonnes, Bas-Reliefs, Corniches, Frises, Tableaux, Plafonds &c. — Amsterdam, 1719 [Cicognara, 3940]

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https://doi.org/10.11588/diglit.28476#0022
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16 ARCHITECTURE DE LA MAISON

entreprifes avec toutes ces précautions produi-
sent infailliblement des fruits de Justice & du
Paix, représentez par ce rameau d’Olive.
Toutefois pour y parvenir, on ne sauroit trop
sè donner de garde des elprits turbulens &
emportez, qui gâtent souvent les plus iages
déliberations, parlaviolence avec laqoelleiJs
opinent: Dès qu’on ne suit pas leurs avis, ils
s’enssamment & voudroient ramener tous les
autres à leur sens 5 ce sont des ours furieux ;
mais quil faut domter, comme celui de cet-
te figure marqué (e). Ces sortes despritssont
très-dangereux dans les Conièils, & l’on ne
peut trop éviter de les y admettre. Cepen-
dant comme ils ont louvent du bon, ilnes’a-
git que de domter leur trop grande vivacité ;
8c c’est ce qui est marqué par ces deux Genies
qui domtent la ferocité de l’ours que l’on voit
ici.

III. Ènfin comme on ne sauroit trop ressé-
chir avant que de prendre une rélolution, il
ne faut pas non plus aller trop vîte dans l’exe-
cution. La prudence veut qu’on aille bride
en main dans les Conseils, pour e'viter defai-
re de faussès demarchesj & c’est ce qui est fi-
guré par ce genie marqué (f)qui tient la bri-
de à ce Cheval marin, pour arrêter son im-
petuosité & la violence. S’il y a quelque Con-
ièil, où l’on mette en pratique toutes ces sa-
ges Leçons , c’est sans doute dans celui
d’Amsterdam composé de personnes graves &
prudentes, qui ne se hâtent jamais dans leurs
Déliberations; maisqui, prenanttoutletems
& toutes les précautions nécessaires pour agir
surement, évitent avec soin le repentir que
Ja précipitacion ne manque jamais de pro-
duire.

PLANCHE LXIL

Le bon Consoil vient de l’Union 8c de la
Paix: c’est ce qui est représenté dans cette
autreFrise, placèe dans la même Chambre
du Consoil d’Amsterdam. On y voit premie-
rement un Genie marqué (a) tenant d’une
main un faisceau de ssêches, Symbole del’U-
nion, & de l’autre le Caducée de Mercure.
Près de Jui sont des Colombes, autre Symbo-
le de la même vertu ; & de son soin sortent
deux Cornes d’abondance, pourmarquer que
LUnion & la Paix produïsent tous les autres
biens. Les Genies marquez (b) expriment la
rnême chose d’une autre maniere. C’est uti
concert de voix & d’instrumens, où toutdoit
ètre parfaitement d’accord, si l’on veut qu’il
produise une agréable Harmonie. Remarquez
l’Union de ces Genies, qui secoutent avec
soin, pour ne former qu’un tout du mélange
de leurs diflèrentes parties. Remarquez par-
ticulierement celui qui bat la mesure, comme
il règle tous les mouvemens des autres, qui
marient leurs voix & sours Flûtes au son har-
jnonieux de çette Lyre. Les essets de cette

correspondance mutuelle qui doit rcgner dans
les Conseils, sont très-bien marquez dans so
second morceau de la Friso, où vous voyez
ces quatre Genies, qui composent & soutien-
nent cette Guirlande : En voilà un autre qui
se hâte de leur aporter encore dequoi l’em-:
bellir, ce qui marqne que tous les membres
d’un même Conseil, doivent concourir au
même but. Mais comme il peut s’y trouver
des hommes corrompus, abrutis par Ja dé«
bauche, & qui, chargez de vin & de bonne'
chere, sont incapables de penser à autre cho-
se qu’à satisfaire leur avidité insatiable, c’est
pour cela qu’on doit les en bannir avec soin.
Ainsi voyez-vous ces Genies , représentez
dans la troisieme partie de la Frise, quichaso
sentde leur Compagnie, les Animaux seroces
qui auroient pu la troubler. Remarquez ce
Loup poursoivi à coups de dard ; il reprélèn-
te la rapacité de ceux qui ne pensent qu’àde-
vorer la Veuve & l’Orphelin. Le Coq est le
Symbole de Ia Lubricitè, passion devenueau-
jourd’hui trop commune, & à laquelle on im-
mole les plus justes devoirs. Remarquez sur
tout ce Lion embarassé dans des branches de
vigne. II marque que les plus forts Genies,
qui ont le malheur de s’adonner au vin, per-
dent bientôt toutes les lumieres de leur rai-
son, & tout le fruit de leurs plus belles con-
noissances. Ce petit Pêcheur marqué (c) qui
prend un poisson à la ligne, signifie que Ja
bonne chere & la dèlicatesse de la table cor-
rompt souvent les meilleurs esprits.

PLANCHE LXIII.

CetteFrise, qui sert d’ornement aux autres
Chambres de la Maison de Ville, est un
très-beau Rinceau , composo de divers Ra-
mages qui naissent tous l’un de l’autre. Elle
paroït simple & sans aucune signification;
mais elle renferme pourtant une très-belle mo-
ralitè. Remarquez ce Serpent entortillé, qui
so glissè entre ces rameaux : c’est pour nous
aprendre que dans les Compagnies les mieux
assorties, il ne laisse pas de s’y insinuer sou-
vent des esprits doubles , des langues enve-
nimèes, dont on ne peut assez le dèfier.

PLANCHE LXIV.

Cette Statuë, l’une des huit qui ornentles
Galeries de la Grand’ Sale, est celle d’Apol-
lon, placèe entre la Trèsorerie extraordinai-
re, & la Chambre des Commissaires des pe-
tites affaires. Remarquez l’attitude de ce
Dieu: il paroît animè: voyez comme ilpen-
che un peu la tête pour faciliter l’Aètion de
ce bras levè, qui semble tirer une ssêche de
son Carquois. Il tient son Arc de la main
gauche ; mais n’y aiant point de corde, on
ne doit pas craindre qu’il en dècoche aucun
trait. C’est qu’il a vaincu le Serpent Python

que
 
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