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Revue archéologique — 7.1863

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Cerquand, J. F.: Les Charites
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0065

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LES CHA1UTES.

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effet « les dieux ne donnent pas à tous les hommes tout ce qui charme
(xaptWx) : beauté, esprit, éloquence. Tel est laid, de qui la Divinité
orne la laideur par le don de la parole, et il attire ainsi lesyeux ravis. Il
parle courammentavecunepudeur douce comme le miel ; il brille clans
les assemblées; et quand il passe dans la rue, on le contemple comme
un dieu. Tel autre, par la beauté, ressemble aux Immortels; mais la
grâce ne couronne point ses discours. » C'est Homère qui dit cela
(Od. VIN, 175), Homère qui donne la palme de l'éloquence à Nes-
tor, un vieillard ; à Ulysse, un homme mûr : grave atteinte au dogme
orchoménien. La parole, aux temps héroïques, est déjà une puissance
qui assure la considération et l'autorité en vertu d'un don divin.
Mais voici les luttes de l'Agora, voici surtout les sophistes. Ils ont
trouvé les topiques, les Iropes, les mœurs, les preuves, tout un ar-
senal de procédés, une discipline purement humaine, par laquelle
un corroyeur, ignoré des dieux, apprend à revêtir de charme sa pa-
role, à se donner les dehors de cette pudeur miellée de l'éloquence
primitive, et, ce qui est plus étrange, à avoir droit contre le droit, et
raison quand il a tort. Où retrouver les Charités dans cette éloquence
qui est un art, non un don ; etqui, conséquemment, n'est plus acces-
sible à la jeunesse? Tout accord a cessé entre le mythe et la réalité
qu'il devait symboliser; la figure des Charités s'obscurcit, leur signi-
fication se perd : « Il n'y a qu'une Charité, dit Hermésianax (I), et
elle s'appelle Peitho, la Persuasion (toTOo). »

Hermésianax agit comme ces réformateurs timorés qui conservent
malgré eux une partie de ce qu'ils détruisent. Il accepte la présence
des Charités dans l'éloquence, mais il leur donne un sens mieux ap-
proprié aux besoins du moment. Car Peitho n'est pas seulement la
Persuasion, elle est surtout la Séduction (2); elle emploie la raison
sans doute; mais elle doit employer aussi la ruse, la prière, l'argent
et tout moyen déloyal. Il faut qu'elle se plie à chaque caractère et le
surprenne où il est faible, sans quoi elle ne serait pas Peitho. C'était
un contre-sens de faire de cette divinité douteuse une Charité; c'é-
tait une impiété d'en faire la seule Charité. Le Perse en effet pouvait
venir, il devait avoir raison, môme de Démosthènes. Sans doute le
dogme antique ne disparut point; mais Peitho se glissa dans la triade
à côté d'Aglaïa et de Thalia (3). Bientôt, des bois sacrés où s'abritait

(1) Pausan., IX, 35.

(2) Pour TtsiOctv employé en mauvaise part, v. II. I, 32 : o08e [j.e Tceîcretç; tu ne me
tromperas pas : Od. II, 106. stciôsv àycuoù;; elle trompait les Achéens. On dit : rai-

(3) Suidas, y. Xàpiraç. Schol. d'Aristoph. in Nuù., 773. Selon ce dernier, le groupe
 
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