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Revue archéologique — 7.1863

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Cerquand, J. F.: Les Charites
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0068

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60 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

une savante habileté (sùfxaG^ç mvuTocppovoç) les Muses aux Charités (1) :
Méléagre, d'avoir uni à l'Amour et aux Muses les Charités harmo-
nieuses (2). Aristophane devance lui-même le jugement de la posté-
rité : N'appelez point du ciel les Muses aux cheveux bouclés, ni les
Charités Olympiennes; elles sont au milieu de vous, dans nos
chants (3). »

3. L'éloquence et la poésie sont les séductions propres au peuple;
la Sagesse veut des esprits d'élite. Pindare avait dit : « Les Charités
accordent aux hommes tout ce qui charme; mais la sagesse et la vertu
leur viennent des dieux. » I) oublie ensuite cette distinction si bien
fondée, surtout si Zeus est caché sous les dieux. « Les mortels doi-
vent aux Charités sagesse, illustration, beauté, chasteté (4). » Lors-
que les sophistes succèdent aux sages, et la grammaire à l'invention,
les Charités président à cet art douteux qui reste seul au milieu des
ruines. « Les œuvres et les dons des Charités, dit le Scholiaste d'A-
ristophane, ne sont autres que la Sagesse ÇLoyia) (5). « Il ne reste
plus qu'cà assimiler ces divinités à la Sagesse. Cela s'est fait. Une
épitaphe de Méléagre le loue d'avoir fait des Charités et de la Sagesse
une seule divinité (6). »

Il faut remarquer qu'aucune de ces trois transformations des Cha-
rités ne s'accorde en aucun cas avec les autres. Les Charités sont
Muses pour les seuls poètes, Éloquence pour les seuls orateurs, Sa-
gesse pour les seuls sophistes. Il y a hostilité déclarée entre les di-
vers systèmes, quoiqu'il pût sembler bien simple de faire un nouveau
groupe des dons de l'esprit. La poésie se réclame d'une inspiration
d'en haut, et prétend qu'on la laisse libre dans son allure ; l'éloquence
méprise cet art frivole qui ne donne aucune autorité dans les affai-
res; la philosophie, absorbée dans l'étude des principes, regarde

le miel recueilli dans les jardins des Muses (âvôea); les Charités ont accordé à tes
vers un heureux enjouement (cttwjjluXov eùtu^itiv) . »

(1) Simmias Theb., Anthol., VII, 22. Le môme Méléagre {ibid., 417) a fait un
seul chœur ((juvTpoxàuaç) des Muses et des Charités (ibid., 419), tJucrtoXtcîac.

(2) Pompée le Jeune. Anthol., VII, 416.

(3) Aristoph. dans les Secondes Thesmoph. fr., 314, édit. Didot. Le jugement de la
postérité était pour Aristophane aussi le jugement des contemporains. On connaît la
belle épigramme de Platon : « Les Charités cherchant un Temenos impérissable, ont
fait choix de l'âme d'Aristophane. » Anthol., app. 63, et les deux biographies grec-
ques de Platon.

(4) H ne faut pas trop insister sur cette contradiction. Lôçoç, à une certaine épor
que, répond, dans son acception la plus large, à notre expression «homme d'esprit. »

(5) In Nub., 773.

(6) Anthol. palat., VII, 421.
 
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