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Revue archéologique — 7.1863

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Cerquand, J. F.: Les Charites
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0070

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ces Charités baigneuses, parfumeuses, amoureuses; et ['Anthologie
est pleine de ces pauvretés en style classique. C'est là qu'on voit les
beaux jeunes gens « favoris des Charités (XII, 95) qui n'ont d'autre
souci que de faire pour eux leur ronde (XII, 92), de les laver, de les
parfumer (V, 122) et même de les caresser (XII, 122). » Certains
sont nommés « rejetons des Amours et des Charités (VI, 297). »
Bientôt les bains publics, multipliant la fontaine Acida'ie, sont
placés sous leur patronage, ainsi que nous l'apprennent les enseignes
de ces établissements venues jusqu'à nous sous le titre d'épigrammes.
« Ici est véritablement le bain des Charités; il n'y a place que pour
trois (IX, 609). » « Des Charités seules ont droit de se baigner ici
(IX, 610). » C'est une réclame, et qui ne manque pas d'esprit. La
suivante a toute l'impudeur des réclames modernes : « Entrez,
femmes qui aimez (et elles aiment toutes); vous trouverez ici une
grâce de plus : épouses, pour charmer vos maris ; vierges, pour en
trouver un; courtisanes, pour attirer les amants (IX, 621). »

Quand Homère veut dire d'une femme qu'elle est belle, il dit sim-
plement « elle est belle, » ou bien : « elle a la beauté des Charités. »
Virgile est de l'école d'Homère : « Didon était très-belle : pulcher-
rima Dido. » Mais il y a des gens qui tiennent à nous apprendre le
nombre des fossettes, la couleur des yeux, la forme du nez, les lignes
de la figure : choses excellentes lorsqu'elles sont caractères ethniques
ou mythologiques, choses ridicules lorsqu'elles s'appliquent à une
figure idéale. Les Charités sont belles, puisqu'elles dispensent la
beauté; Hésiode, empiétant sur les fadeurs des petits poètes, leur
donne des yeux ou des paupières « qui distillent le désir. » C'est
plus qu'une faute de goût, c'est une confusion des Charités et de
Vénus. Elle mène loin. Diodore, parmi les attributions des Charités,
met en première ligne qu'elles » ornent la figure et disposent chaque
partie du corps pour le plaisir des yeux. » Comme notion de la
beauté, cette harmonie indiquée par Diodore est supérieure à la
grâce que les déesses homériques versent comme une huile sur des
mortels privilégiés; mais l'harmonie elle-même n'est qu'indiquée, et
la puissance de la ligne, c'est-à-dire de la matière, est au contraire
fort bien sentie. Rhianos s'est chargé de commenter Diodore : « S
7ujy<x, les Charités et les Saisons ont versé sur toi l'huile d'olive
(XII, 38).« Pour tant de beautés que découvre chaque jour l'œil
surplis, trois Charités ne suffisent plus. Il y en a quinze rien que
dans les yeux de Théocléés (1); dans un seul œil de Héro, il y en a

(1) L'épigramme est de Straton (Anthol., XII, 181). Elle amène un rapprochement
 
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