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Revue archéologique — 7.1863

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Cerquand, J. F.: Les Charites
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0071

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LES CHARITES.

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cent. Nonnos en comptera mille. Du moins celles-là sont-elles des
déesses; la flatterie ou la passion y joindront des mortelles. « ïly a
quatre Charités, car une nouvelle vient de s'ajouter aux anciennes :
c'est l'heureuse et enviée Bérénice, sans laquelle les Charités ne sont
plus Charités (1). » L'oubli de la religion est peut-être plus grave en-
core dans cette autre épigramme : « Il y a trois Charités; mais tu es
née seule pour les (rois, afin d'être la Charité des Charités (la Grâce
des Grâces) (IX, 513). » On sait d'ailleurs que c'est une habitude de
ces temps. L'apothéose des souverains justifie toutes les apothéoses.
Sappho est la dixième muse (IX, 506). La danseuse Rhodocléa l'est
aussi; elle est de plus la quatrième Charité, l'amour des hommes,
l'honneur de la ville (2). Depuis que Cypris a vu le jeune Antiochus,
elle renie Éros pour son fils. « Jeunes gens, adorez le nouvel Éros,
plus puissant qu'Éros (XII, 54). »

Éros, quoique dieu solaire, ne devait jamais se rencontrer avec les
Charités, car il est incompatible avec Euphrosyne, comme la passion
avec le calme de l'âme, et c'est sans doute ce que signifie la virginité
des Charités partout admise, excepté à Lemnos. La morale facile de
l'Asie grecque admet cette contradiction. Anacréon fait entrer Éros
dans le chœur des Charités; il fait graver sur sa coupe la vigne sous
laquelle dansent les Amours désarmés et les Charités rieuses (3).
Dionysos avait plus de rapports avec elles; une tradition, phrygienne
peut-être (4), le faisait leur père, comme Apollon Tétait à Délos.
Même dans la religion commune, il pouvait se joindre aux Charités
au même titre que Perséphone et Déméter. On peut encore admettre
comme un acte de reconnaissante piété cette première coupe dont

inattendu : « Les mythologues sont fous de nous dire qu'il n'y a que trois Charités
dans Orchomène, et qu'elles sont bienfaisantes, âyaOat. Il y en a quinze qui gardent
tes yeux, Théocléés, armées d'arcs et ravisseuses de la vie d'autrui. » Voilà les Cha-
rités assimilées aux Harpyies.

(1) Callimaque, épigr. 54.

(2) Antholog. Planud., IV, 283. L'épigramme sur Sapho est attribuée à Platon. Si
elle est de lui en effet, elle n'ajoute pas grand'chose à sa gloire.

(3) Anacréont. Lyr. Bergk., § h-

[h) Stésichore, Lyr. Bergk. Les Charités phrygiennes sont encore citées dans
Aristophane, qui les montre réglant a leurs danses sur les sons voluptueux de la lyre
asiatique. » {Thesmoph., 121.) Un fond de verre décrit par Montfaucon (Antiq.
illustr., I, pl. CX) représente les trois Grâces nues, avec les noms GELASIA,
LECOPJ. COMASIA, qu'on ne trouve que là. Une légende est jointe à ces noms, avec
un caractère hybride qui en précise l'époque. PIETE. ZKSETE. MVLTIS. ANNIS.
VIVATIS. Si ce ne sont pas là les Charités phrygiennes, elles doivent beaucoup
leur ressembler.
 
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