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Revue archéologique — 7.1863

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Boissier, Gaston: Atticus éditeur de Cicéron
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0106

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charger du soin d'annoncer tous mes ouvrages (1). » Un des moyens
qu'il employait pour les annoncer était d'en faire lire des fragments,
par les lecteurs les plus habiles et les mieux exercés, aux beaux
esprits qu'il réunissait à sa table. Il savait bien que le moment où
Ton dîne est celui où l'on est le plus tenté d'être indulgent. Cicéron
approuvait beaucoup cette façon de produire ses œuvres et d'en
donner une opinion favorable, et il écrivait à Atticus : « Je vous en-
voie mon traité de la Gloire; vous le garderez soigneusement à votre
ordinaire; mais vous en ferez marquer les plus beaux endroits, que
Salvius lira seulement à votre table, quand vous aurez des auditeurs
bien disposés (2). » Et il explique, dans la lettre suivante, ce qu'il
entend par cette bonne disposition des auditeurs : « Prenez le mo-
ment, je vous prie, où les convives seront contents, et ayez soin de
les bien traiter; car, s'ils avaient quelque humeur contre vous, c'est
sur moi qu'ils la déchargeraient. » Ce jour là, Atticus devait -se
mettre en dépense, et ne pas servir, comme Cicéron l'accuse de le
faire quelquefois, de pauvres légumes sur des plats magnifiques (3).
Après tout, ses frais n'étaient pas perdus. Si le livre réussissait, il
s'en vendait davantage et l'éditeur en profitait.

Il est à croire que Cicéron n'était pas le seul dont Atticus publiait
ainsi les ouvrages. Si nous connaissions mieux les détails de l'his-
toire littéraire de cette époque, nous y verrions probablement qu'il
était aussi l'éditeur d'autres grands personnages. On peut le soup-
çonner pour Brulus, dont il était l'ami autant que de Cicéron. En
effet, quand Cicéron veut avoir un exemplaire de l'abrégé de Cœlius.
que Brutus vient de publier, c'est à Atticus qu'il Je demande (4).
C'est encore Atticus que Brutus charge de corriger une erreur qu'il
avait commise dans son éloge de Caton, rogat de senatusconsulto ul
corrigas (.5). preuve évidente qu'il avait chez lui un grand nombre
d'exemplaires de cet ouvrage. Mais pour nous en tenir à ce qui
concerne Cicéron, les passages que je viens de citer de sa corres-
pondance, et que j'aurais pu multiplier, ne permettent pas de douter
qu'Allicus n'eût publié plusieurs de ses livres. Ces éditions, sur-
veillées et corrigées par Cicéron lui-même et faites sons ses yeux,

(1) Ad AU., XIII, 12.

(2) Id., XVI, 2,

(3) Id,, VI, In felicitatis lancibus et splendidissimis canistris,olu$culis nos soles
pascere.

(4) Id., XIII, 8.

(5) Id., XII, 21.
 
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