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Revue archéologique — 7.1863

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Album de Villard de Honnecourt, [1]: Architecte du treizième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0114

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106 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

celles de Senlis et de Noyon, ne possèdent que des absidioles sans
importance. Or, les cathédrales durent modifier leur disposition pri-
mitive dès 1240, c'est-à-dire après l'assemblée de la noblesse de
France à Saint-Denis. A la fin du douzième siècle, les évêques, dont
' l'autorité diocésaine était sapée parles établissements religieux, s'ap-
puyant, d'une part, sur le pouvoir royal qui commençait à entamer
sérieusement les prérogatives de la féodalité; de l'autre, sur les com-
munes qui s'insurgèrent contre les droits des seigneurs, prétendirentat-
tirerà euxtoutej uridiction, possédertoule influence dans la cité.Us pré-
sentèrent alors aux populationsurbaines la construction de la cathédrale
sur de vastes proportions et d'après un programme nouveau, comme
le moyen le plus propre à assurer la liberté de leurs assemblées sous
la tutelle épiscopale; comme une garantie judiciaire, car les cours
ecclésiastiques procédaient avec plus d'équité que celles des barons :
elles n'admettaient pas le combat; « l'appel y était reçu ; on y suivait
le droit canonique, qui se rapproche, à beaucoup d'égards, du droit
romain (1). » S'appuyant sur ce sophisme que « toute contestation
judiciaire peut prendre sa source dans la fraude » et que toute fraude
est un péché, « le clergé soutenait avoir le droit de juger tous les
procès. » L'empressement des populations urbaines à contribuer à
l'érection de la cathédrale, du monument de la cité, élevé sous celte
inspiration, fut prodigieux. C'était à la fois la curie des municipalités
romaines, la basilique où le peuple se réunissait et entendait plaider;
c'était aussi l'église, le refuge, l'asile inviolable, le lieu témoin de
loules les solennités de la cité. Alors la cathédrale des villes du do-
maine royal n'était en effet qu'une grande basilique, souvent sans
chalcidique, sans transept, sans chapelles, possédant des galeries
supérieures comme la basilique romaine, des collatéraux, et à l'ab-
side la cathedra, le siège épiscopal, comme dans le tribunal antique,
avec l'autel au devant (2). Les cathédrales, de 1185 à 1230, s'élevaient
donc sur tout le territoire, alors français, avec un empressement,
une ardeur qui tenaient du prodige. Les évêques voyaient leur puis-
sance s'établir d'une manière inébranlable, croyaient-ils, sur leurs
fondements; les villes songeaient à leurs libertés, désormais abrilées
derrière ces murs inviolables; la royauté était loin de s'opposera
tout ce qui pouvait tendre à restreindre les prérogatives de la féocla-

(1) Instit. de saint Louis, le comte Beugnot.

(2) La cathédrale de Paris a été conçue sans transept, celle de Bourges n'en
possède pas. Celles de Sens, de Senlis, de Meaux, en ont été privées jusqu'au quin-
zième siècle.
 
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