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Revue archéologique — 7.1863

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Album de Villard de Honnecourt, [1]: Architecte du treizième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0119

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ALBUM DR VIL LARD DE HONXECOURT.

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en fait d'art, que l'Album de Villard à lui seul serait un symptôme
non équivoque de ce développement. Aussi les conclusions qu'on
peut tirer de ce recueil me semblent tout à fait contraires à celles
que M. Renan a développées dans la Revue des Deux-Mondes. Je
cherche à m'expliquer comment il se fait qu'un crilique d'un esprit
aussi élevé et qui sait la valeur d'un raisonnement mieux que per-
sonne, ait pu tomber dans des contradictions flagrantes en appréciant
l'art français du moyen âge à propos du Recueil de Villard. Que cet
art n'ait jeté un vif éclat que pendant un siècle à peine, qu'est-ce
que cela prouve ? Combien de temps l'art grec s'est-il tenu à l'apogée?
Soixante ans environ. Comment M. Renan, qui certes n'est pas un
défenseur des civilisations immobiles, théocratiques, et par consé-
quent des arts hiératiques, qui sent que l'homme est fait pour aller
en avant, coûte que coûte, qui n'ignore pas que les Grecs ont été
les premiers à jeter l'humanité dans cette voie sans limites, n'a-l-il
pas compris que ces artistes français de l'école laïque du douzième
siècle ont trouvé, eux aussi, des principes nouveaux, féconds, et
qu'il y a autant d'injustice à leur reprocher l'abus qu'on en a pu
faire qu'il y aurait de folie à rendre les artistes contemporains de
Périclés responsables des raffinements et des mièvreries de l'art
grec du temps d'Hadrien. Par la position supérieure que M. Renan
a su prendre dans l'étude de ces grandes questions intellectuelles
de l'humanité, ses opinions, si elles paraissent parfois erronées,
imposent le devoir de les réfuter. Plus le critique a d'autorité, plus
on doit s'attacher à contrôler les considérants sur lesquels s'appuient
ses arrêts. Suivons donc M. Renan et examinons à notre tour son
travail (1). D'abord, qu'il me soit permis de rectifier un fait, non
parce que j'y suis personnellement intéressé, mais parce qu'il s'agit
ici d'un homme qui n'est plus. Jamais Lassus n'a prétendu systéma-
tiquement réhabiliter l'art du moyen âge; au point de vue de l'étude,
oui; au point de vue de l'imitation banale et irréfléchie, non. Nous
n'avons jamais prétendu qu'à une chose, c'est à faire connaître cet
art, parce qu'on peut en tirer un grand parti dans la pratique et que
cet art est à nous. Et si l'un et l'autre nous avons éprouvé des décep-
tions, c'est lorsque nous avons vu que systématiquement on proscri-
vait cette étude et qu'on dénaturait avec une rare persistance le
sens de notre pensée. Des déceptions de ce genre, M. Renan doit en
avoir éprouvé. « Comment cet art naquit-il? » se demande M. Renan,
i Au milieu de quelle société réussit-il à grandir? Comment cette

(1) Revue des Deux-Mondes, t. XL.
 
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