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Revue archéologique — 7.1863

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Album de Villard de Honnecourt, [1]: Architecte du treizième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0123

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ALBUM DE V1LLARD DE HONNECOURT.

siècles ont (en suivant (Tailleurs certaines traditions auxquelles les
hommes ne peuvent jamais se soustraire entièrement) construit des
édifices où les points d'appui ont été rejetés, autantque faire se peut,
à l'extérieur, tout simplement pour ne pas gêner les fidèles qui s'as-
semblaient à l'intérieur. Mais pour obtenir ce résultat, qui n'a rien
d'ailleurs d'effrayant, il a fallu substituer au système des résistances
inertes opposées à des poussées obliques admis par les Romains, un
système de résistances actives, c'est-à-dire neutraliser une force par
une force contraire, ce qui, en français, peut s'expliquer par un seul
mot: l'équilibre; et notons bien que cela n'avait lieu, bien entendu,
que lorsqu'il s'agissait de bâtir des édifices ayant un vaisseau central
flanqué de galeries, de bas côtés simples ou doubles, car les archi-
tectes ne s'amusaient pas à poser des arcs-boutants autour d'un vais-
seau unique comme celui de la Sainte-Chapelle, par exemple, ou de
la salle synodale de Sens, ou de la chapelle de l'archevêché de-
Reims, et tant d'autres. 11 semblerait, à lire M. Renan, que ces ar-
tistes du moyen âge n'ont jamais élevé que des églises à trois ou cinq
nefs. Mais les salles, mais les palais, les châteaux, les maisons, les
ponts, les hôtels, les remparts, n'est-ce donc rien? Et si on prétend
faire une sorte de revue générale de l'art du moyen âge en France,
est-il juste de ne pas parler de tant d'œuvres qui couvrent encore le
sol français et d'en revenir toujours à la « forêt de béquilles (1) » qui
rappelle un peu trop la « tarte à la crème » de la Critique de l'Ecole
des femmes. Il est difficile de laisser passer, par exemple, des appré-
ciations telles que celles-ci (2) : « Une vaste compensation (aux pous-
sées) fut cherchée dans les arcs-boutants et contre-forts sur lesquels
toutes les poussées se réunissent. Les églises romanes en avaient (je
le crois bien), mais dissimulés et peu considérables (aussi leurs voûtes
s'écroulèrent quelquefois). Ici (dans l'architecture du treizième siècle)
ils devinrent la maîtresse partie, et permirent des légèretés inouïes.
Les vides s'augmentent dans une effrayante proportion. Les reins
puissants qui soutiennent toutes ces masses branlantes sont au de-
hors, et Ton arriva k réaliser cette idée singulière d'un édifice sou-
tenu par des échafaudages, et, s'il est permis de le dire, d'un animal
ayant sa charpente osseuse autour de lui. »

M. Renan se laisse volontiers entraîner par le plaisir de faire des
images. Mais chez quel peuple M. Renan a-t-il vu des voûtes pouvant
se soutenir autrement que par des culées, des masses résistantes en

(1) P. 212.

(2) P. 212.
 
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