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Revue archéologique — 7.1863

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Album de Villard de Honnecourt, [2]: architecte du treizième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0193

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ALBUM DE VIL LARD DE HONNECOURT.

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qui peignaient des figures sur les vases grecs apprenaient le dessin ;
comment ils atteignaient toujours, même dans des œuvres grossières,
la vérité du geste, le style. Employaient-ils des méthodes analogues à
celles que Yillard nous indique? Ces méthodes, dont nous trouvons
quelques applications dans l'Album de Villard, sont-elles des tradi-
tions de l'antiquité, comme sont celles relatives aux proportions?
Cela est difficile à démontrer; cependant, si l'on peut admettre une
transmission des méthodes grecques touchant les proportions de l'ar-
chitecture, par l'École d'Alexandrie, on peut de môme supposer que
nos artistes français du moyen âge ont reçu par suite des mêmes tra-
ditions les moyens de dessiner la figure. Il faut bien reconnaître que
la peinture et la sculpture grecques des bas temps, dites byzantines,
ont été la première école de nos sculpteurs et peintres français; il
suffit, pour en avoir la preuve, d'examiner les bas-reliefs et chapi-
teaux du porche de Vezelay (1130 environ), les peintures de Saint-
Savin (1060 environ), les vitraux de Chartres, du Mans et de Saint-
Denis, les bas-reliefs du portail occidental de Notre-Dame de Chartres
et celui de la porte Sainte-Anne de la cathédrale de Paris (1140 envi-
ron), quantité de manuscrits sortis des abbayes françaises, pendant les
onzième et douzième siècles. Toutes les grandes époques de l'art ont
possédé des méthodes rigoureuses destinées à diriger la foule des
praticiens ; si ces méthodes s'élevaient au milieu d'un peuple condamné
à l'immobilité comme les Égyptiens par exemple, elles constituaient
l'art à elles seules; mais chez des peuples comme les Grecs de l'anti-
quité et comme les occidentaux du moyen âge, tout en gouvernant
le vulgaire artiste, elles n'empêchaient pas.les hommes de génie de
se développer et d'amener un progrès. A l'époque où vivait Villard,
déjà dans les arts du dessin, dans la sculpture et la peinture, on
sentait une tendance vers le réalisme; dans la sculpture particulière-
ment, l'archaïsme de l'art byzantin était complètement abandonné
pour faire place à l'imitation de la nature : les statues et bas-relifs de
Chartres, de Paris, d'Amiens, de Reims, qui datent de 1220 à 1250,
en sont une preuve palpable; mais l'école conservait encore des
procédés appartenant à des traditions probablement fort anciennes;
procédés que nous révèlent les croquis de Villard.

On a cru voir dans quelques-uns des croquis de Villard (1) « plu-
tôt un jeu que des modèles sérieux; » nous ne saurions partager
cette opinion; on y trouve, semble-t-il, la révélation d'une méthode
importante dans l'art du dessin. Ainsi, par exemple, la pl. XXXIV

(1) Voir les planches XXXIV, XXXV, XXXVI et XXXVII.
 
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