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Revue archéologique — 7.1863

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Album de Villard de Honnecourt, [3]: architecte du treizième siécle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0259

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ALBUM DE VIL LARD DR H0NNEC0URT. 251

du mot, j'ai vécu assez longtemps sur cet axiome historique, savoir :
que le moyen âge finit le 31 décembre 1449, et que la renaissance
commence le 1er janvier 1450. Bientôt cependant quelques doutes ont
surgi. Je voyais, par exemple, une œuvre «l'art de 14-45 qui aurait dû
être classée en 1500, d'autres de 1490 qui semblaient reculer d'un
demi-siècle. D'observation en observation, d'examen en examen, je
retrouvais aux xne et xme siècles des racines de ce phénomène intel-
lectuel que l'on attribue à la renaissance; bien mieux, il me semblait
découvrir l'existence de faits qui certainement ne renaissaient pas,
puisqu'ils se faisaient jour pour la première fois. Mis en défiance
ainsi sur la date de la renaissance et même sur l'authenticité des
titres d'une renaissance, j'ai trouvé plus naturel de considérer la
marche de l'esprit humain, depuis le xe siècle, comme une suite
d'étapes non interrompues, le conduisant vers un but qu'il poursuit
encore et qu'il poursuivra longtemps, je l'espère. Si nous convenons
que l'on doit entendre par la renaissance une date, 1500 par exem-
ple, je ne chicanerai pas sur le mot, mais si par renaissance nous
devons entendre un retour brusque de l'esprit humain vers des prin-
cipes, des idées, des institutions qui auraient existé et auraient été
laissés en oubli pendant plusieurs siècles, oh! alors je m'inscris en
faux: 1° parce que le retour n'est pas brusque, mais lent au contraire;
2° parce que l'étude de ces principes, l'examen de ces idées et de ces
institutions antiques, n'est qu'un marchepied pour trouver de nou-
veaux principes, formuler de nouvelles idées, établir de nouvelles
institutions.

Ceci dit, ne disputons pàs davantage sur un mot, prenons, si l'on
veut, le mot renaissance, comme réveil occidental de l'intelligence
humaine. — D'autant que si nous voulions entreprendre de faire le
procès à tous les mots employés mal à propos dans le langage des
arts depuis deux siècles, nous aurions fort à faire. — La question se
résume alors en ceci : Quand et comment s'est fait ce réveil? qui l'a
provoqué? Dans quel coin de l'Europe occidentale les yeux des popu-
lations que l'on désigne (très-improprement d'ailleurs) sous le nom
de « races latines » ont-ils commencé à s'ouvrir à la lumière, après
la chute de l'empire romain? Les premiers symptômes du réveil
datent de loin, il faut remonter jusqu'au vnr siècle; et alors, j'en
conviens, il y a bien renaissance, c'est-à-dire tentative de rétablir
un ordre de choses intellectuel et matériel emprunté à une civilisa-
tion antérieure, la civilisation romaine. Charlemagne est le mythe
de la véritable renaissance; mais qu'a été cette renaissance? un fait
isolé, une tentative qui échoue au milieu de races qui ne sont rien
 
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