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Revue archéologique — 7.1863

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Album de Villard de Honnecourt, [3]: architecte du treizième siécle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0262

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254

REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

que le XVIe siècle donna une nouvelle forme à ces conquêtes de
l'esprit; mais, outre que cette forme manque souvent d'originalité,
elle n'a pas l'énergie native que l'on aime à trouver dans toute
œuvre d'art, ce n'est qu'un reflet, non un corps. D'ailleurs les artistes
ont réagi autant qu'ils ont pu contre ce mouvement de mode qui
entraînait la société française vers une imitation irréfléchie d'arts
que personne alors ne connaissait a fond. Ceci demande quelques
explications. Au xme siècle l'Italie ne possédait pas un art, mais des
débris d'arts antérieurs mêlés à quelques influences venues de by-
zance et même du Nord. Voyons les choses avec les yeux de la cri-
tique et non plus à travers les lunettes des guides et des amateurs
touristes: quel est le monument en Italie qui, même élevé au com-
mencement du xive siècle, puisse soutenir la comparaison soit comme
conception, soit comme exécution savante ou comme exécution des
détails, avec nos édifices de celte époque? Comme conception géné-
rale, aucune'invention; comme construction, nulle apparence d'un
effort pour découvrir de nouveaux procédés; comme décoration, un
mélange bâtard de traditions antiques mal comprises, d'influences
byzantines ou tudesques, comme on dit en Italie; l'ornementation
sculptée alors est déplorable, la statuaire barbare ou maniérée, la
peinture seule se relève un peu au milieu de cet affaissement, sans
cependant avoir sur la nôtre, surtout au point de vue du style, la
supériorité qu'on lui accorde, sur la foi de Vasari, d'un guide ou d'un
cicérone. Quand, à travers ces pauvretés confuses, il s'éleva des ar-
tistes qui franchement se mirent à étudier les restes de l'antiquité
romaine, et à vouloir appliquer cette étude, il est clair qu'ils durent
avoir et qu'ils eurent en effet un immense succès. Cette renaissance
(et là c'en était bien une) fit une révolution brusque à laquelle tout
le monde se soumit avec joie. Toute l'Italie cria haro sur ces arts
péniblement compilés chez elle depuis le xne siècle, et elle fit sage-
ment. Il ne peut entrer dans le cadre de cet article d'énumérer les
travaux intellectuels auxquels se livrèrent, chez nous, les philoso-
phes, les poètes, les gens adonnés à la recherche des sciences pen-
dant les xnr et xive siècles. Nous ne nous occupons que des artistes,
architectes, sculpteurs et peintres. Organisés en corporations puis-
santes (et comment, au milieu de la société telle qu'elle était faite
alors, auraient-ils pu vivre, se défendre et produire autrement),
nous les voyons progresser avec une rapidité prodigieuse dans la
voie originale et neuve qu'ils ont ouverte. Renfermés dans le cabinet
ou l'atelier, ils sont bien les maîtres des arts qu'ils possèdent, les
pratiquent avec une indépendance absolue, ne sont détournés par
 
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