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Revue archéologique — 7.1863

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Album de Villard de Honnecourt, [3]: architecte du treizième siécle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0264

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256 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

surtout de Paris, était arrivée à un haut degré de bien-être et de
culture; mais elle n'avait, heureusement peut-être, aucune des

qualités brillantes de la bourgeoisie italienne.....L'hôtel bourgeois

du xive siècle devait ressembler à ces vieilles demeures remplies
d'une solide richesse qu'on trouve encore au fond des provinces
éloignées. Ce n'était ni l'élégante maison de la renaissance ni le
luxe banal de nos demeures modernes...... Devait est bientôt dit,

mais il existe encore un assez bon nombre de ces maisons ou hôtels
des xive et xve siècles, pour nous montrer que ces vieilles demeures
étaient non-seulement bien disposées, mais très-élégantes et emprein-
tes d'un goût délicat ne le cédant nullement à celui du xvie siècle.
L'hôtel de Jacques-Cœur, qui existe encore tout entier, en est la
preuve la plus sensible, sans en aller chercher d'autres. Non, cette
bourgeoisie française, encore au xve siècle, était relativement très-
éclairée, très-avancée, aimait les arts et les considérait comme une
des jouissances les plus élevées de la vie. La plus pauvre maison
des xive et xve siècles nous le démontre assez. De ce que l'auteur du
Ménagier de Paris (1) s'occupe de questions d'économie intérieure,
il ne s'ensuit pas, comme semble le croire M. Renan, que la bour-
geoisie n'avait que des goûts de hiern être, et qu'elle « eût fait une
nation sérieuse à la façon anglaise, » si cette solide moralité « n'eût
été étouffée par les éléments plus légers venus du Midi au xvie siècle. »

Le Ménagier de Paris est un traité spécial, et il ne faut pas con-
clure d'un traité spécial que tout un pays vit seulement de la portion
d'existence détaillée dans ce traité. C'est à peu près comme si, clans
quatre siècles, on appuyait une étude des mœurs privées de notre
temps sur l'analyse de la Cuisinière bourgeoise. De fait, la bour-
geoisie française, même en plein xvie siècle, n'accepta pas (les trou-
bles de ce temps nous en fournissent plus d'une preuve) « ces élé-
ments légers venus d'Italie, » et bien elle fit. Dans ce Ménagier de
Paris, cité par M. Renan,, c'est-à-dire dans un traité sur la bonne
administration d'une maison, l'auteur n'est pas si prosaïque et si
coin du feu qu'on semble.le croire, il fait précéder ses instructions
d'une certaine Histoire de la Romaine, qui est une charmanle nou-
velle pleine d'observations délicates et fines sur le cœur féminin. A
côté du Ménagier de Paris il y a plus d'un auteur chez lequel la
pensée s'élève jusqu'à la poésie, et la meilleure, celle qui part du
cœur. Citerai-je ces vers d'Alain Charlier, bourgeois lui aussi, qui

(2) Le Ménagier de Paris, traite' de morale et d'économie domestique, composé
vers 1393 par un bourgeois parisien; publ. par la Société des bibl. français. I8/16.
 
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