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Revue archéologique — 7.1863

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Album de Villard de Honnecourt, [4]: architecte du treizième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0372

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364 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

Je n'ai nullement la pensée de considérer comme un mal le mou-
vement qui se manifesta en Italie dès la fin du xive siècle et qui eut
une influence sur ce qu'on désigne chez nous par l'époque de la
renaissance; ce que je considère comme une déviation, c'est la di-
rection que l'on donna en France à ce mouvement, au moins dans
le domaine des arts; direction qui ne fut acceptée qu'avec répu-
gnance par les artistes d'abord, qui les entraîna bientôt, contre
laquelle ils cherchèrent à réagir même encore au commencement du
xvii* siècle, et qui, depuis Louis XIV rendit le langage des arts in-
compréhensible pour la masse de la nation, en fit une sorle d'amuse-
ment pour les classes supérieures.

La grande erreur, à mon sens, est de confondre les conquêtes faites
dans le domaine de la politique, des sciences philosophiques et
exactes au xvic siècle, avec le mouvement qui se produisit alors dans
le'sarts en France. Les choses ne marchent pas ainsi dans ce monde
toujours parallèlement. Si les découvertes scientifiques des xve et
xvie siècles en Italie, si l'étude de l'antiquité prise aux sources,
amenèrent à ce puissant développement intellectuel qui a fondé
notre civilisation moderne dans l'ordre politique, moral, philoso-
phique et scientifique; si la liberté d'examen, d'analyse et de cri-
tique a pu se faire jour à l'aide de l'imprimerie en cinquante ans; si
la renaissance a relevé la moyenne intellectuelle du genre humain
en Occident, d'un degré; si le tiers-état désormais en possession des
moyens d'exprimer ses idées et ses besoins a pu détruire les derniers
débris de la féodalité et fonder l'aristocratie de l'intelligence, la seule
que l'avenir reconnaîtra, les arts sont bien loin d'avoir obtenu les
mêmes avantages. Agissant librement, institués sous une forme
toute républicaine du xne au xve siècle, ils sont depuis lors tombés
sous toutes les formes du despotisme; c'est là ce qu'on peut repro-
cher à la Renaissance et c'est beaucoup trop. Il s'agit de faire com-
prendre notre pensée. Dans les arts, depuis l'émancipation laïque du
xne siècle jusqu'au commencement du xve, on ne voit apparaître
aucune influence étrangère aux principes admis; tous les monu-
ments qui nous restent de cette époque, depuis la cathédrale jusqu'à
la maison du bourgeois, s'élèvent conformément à la marche
logique de l'art, et si l'artiste se soumet rigoureusement au pro-
gramme donné, s'il en remplit exactement les conditions de ma-
nière à satisfaire aux besoins exprimés, il a sa forme à lui que tout
le monde admet sans conteste. Cet art, d'ailleurs, possède, entre
autres mérites, celui de se plier à toutes les exigences matérielles
qu'on lui impose. Comme l'art des belles époques de l'antiquité, il
 
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