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Revue archéologique — 7.1863

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Album de Villard de Honnecourt, [4]: architecte du treizième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0374

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366 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

seulement que c'était là une nouveauté inévitable; mais il est bon
nombre de nouveautés qui pour être inévitables ne sont pas pour
cela des progrès. C'était une entrave à la liberté de l'artiste, en tant
qu'artiste ; et toute entrave à une liberté dans la sphère de l'intelli-
gence, est loin d'être un progrès.

Jusqu'à la renaissance, on reconnaît dans l'art de l'architecture une
alliance intime entre la tête qui conçoit et la main qui exécute. Cette
alliance s'altère au xvie siècle; au xvne, la scission est complète.
L'architecte croit s'élever parce que ses exécutants s'abaissent cha-
que jour et s'éloignent de lui. La sculpture et la peinture vont faire
leur chemin sans plus se concerter entre elles ni avec l'architecture.
Vers le milieu du. xvme siècle, les architectes ne s'enquièrent plus
des moyens d'exécution — cela se reconnaît du reste à leurs œuvres. —
Cet abus va même si loin, qu'à la fin de ce siècle il se manifeste une
réaction et que nous voyons quelques rares artistes, comme Louis, par
exemple, qui cherchent à redevenir de véritables maîtres de l'œuvre,
au risque de se heurter à des résistances nombreuses au-dessus comme
au-dessous d'eux. Il faut bien considérer que Xamateur en fait d'archi-
tecture n'est pas seulement un ami de l'art, un jouisseur de l'art,
comme pour la peinture et la sculpture; un amateur de peinture ne
touche pas à votre tableau ou à votre groupe; s'il veut entrer dans
votre atelier comme aide-compositeur, vous avez toujours la ressource
de ne pas le recevoir ou tout au moins de ne pas l'écouter. Mais il
n'en est pas ainsi dansles questions d'architecture; sur dix amateurs,
neuf se croyaient et se croient encore parfaitement en état d'ordon-
ner la construction d'un palais, d'un hôtel ou d'une église, ou tout
au moins d'en imposer la forme et l'apparence. La renaissance nous
a amené cela à la suite des armées de Charles VIII, avec d'autres
maux. Comme preuve de l'exactitude de notre observation, si nous
ouvrons Y Œuvre d'architecture de Philibert de l'Orme, à chaque
page nous trouvons une protestation contre cette situation nouvelle
faite à l'architecte.

« Et si par fortune, dit-il en parlant des seigneurs qui font bâtir (1),
« ils demandoient à quelques uns l'advis de leur délibération et en-
« treprinse, c'estoit à un maistre maçon, ou à un maistre charpen-
« tier, comme l'on a accoustumé de faire, ou bien à quelque peintre;
« quelque notaire, et autres qui se disent fort habiles, et le plus sou-
* vent n'ont guères meilleur jugement et conseil que ceux qui le

(1) VA?rhitect. de Philibert de l'Orme, 1576. Préface.
 
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