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Revue archéologique — 7.1863

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Album de Villard de Honnecourt, [4]: architecte du treizième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0376

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368 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

qu'à recueiilir et à tirer profit de ce qu'il recueille, il y a loin. Il y a
la distance qui sépare la jeunesse, qui espère et se lance dans la voie
ouverte, à l'âge mûr, qui sent tout s'affaisser autour de lui. Pour l'art
de l'architecture, si l'époque de la renaissance n'a pas amené rapi-
dement à une décadence complète, il faut en savoir gré à quelques
hommes très-rares, comme celui que nous citions tout à l'heure;
ceux-ci sont restés, en dépit de la mode du temps, des fantaisies des
seigneurs et des beaux, diseurs (1), de véritables maîtres des œuvres,
et ils ont pu ainsi maintenir assez haut le niveau de l'exécution qui
s'abaissait visiblement. Or ces hommes, nés avec le siècle, possé-
daient encore les traditions fortes et savantes des écoles laïques qui
avaient parcouru une si vaste et si sûre carrière du milieu du xne
au xvie siècle.

A côté d'eux, l'école de sculpture ne le cédait pas à celle de l'Ita-
lie de cette époque, et certes les compositions de Jean Gougeon, les
statues de Germain Pilon en sont la preuve. Mais le prodigieux
éclat que jetèrent dès lors les écoles de peinture italiennes effaça
tout ce qui les entourait, réjaillit sur les autres arts de cette contrée,
malgré leur infériorité réelle comparée aux nôtres. C'était encore là
un des effets produits par la phalange des dilettanti éclos au souffle
de la renaissance, comme les moustiques un soir d'été.

Autant que personne, je reconnais l'effort des intelligences en Oc-
cident au moment que l'on désigne par le mot renaissance. Mais, si
la renaissance a répandu les lumières à l'aide de l'imprimerie, si
elle a vu naître ces grands esprits qui ont introduit la méthode et
l'examen dans l'étude des phénomènes naturels, si elle a produit
des philosophes et des penseurs, des hommes politiques et des cri-
tiques, des artistes comme Raphaël et Michel-Ange, je ne puis,
s'il s'agit cle l'art de l'architecture en France, dire : il y a eu pro-
grès : 1° parce que je ne vois nulle part un principe nouveau s'éle-
ver, parce que les qualités qui nous séduisent dans nos monuments
de la renaissance ne sont que les qualités affaiblies des arts anté-
rieurs; 2° parce que l'éxécution (si importante en toute œuvre d'ar-
chitecture) s'abaisse au lieu de s'élever, soit au point de vue de la
combinaison savante de la structure, de son accord avec la forme,
soit au point de vue de l'apparence, c'est-à-dire en examinant les

(1) « Bref il a seulement une bouche pour bien babiller et mesdire et un bonnet de
« juge, avec l'habit de mesmes, pour contrefaire un grand docteur et tenir bonne
« mine, afin que l'on pense que c'est quelque grande chose de luy, et qu'il entre en
« quelque réputation et bonne opinion envers les hommes. » Philib. de l'Orme, LIX,
 
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