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Revue archéologique — 7.1863

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Nouvelles archéologiques et correspondance
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0432

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REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

éteintes. Aux environs d'Abbeville et d'Amiens, où des ossements fossiles
appartenant à ces grands mammifères avaient été rencontrés à plusieurs re-
prises, les haches en silex sont même très-communes; mais dans le terrain
de transport de la Somme, si riche en objets fabriqués par des hommes, on
n'avait encore aperçu aucun débris de squelette humain, et cette circon-
stance semblait difficile à expliquer. Beaucoup de naturalistes attendaient
donc avec une sorte d'impatience, mêlée d'inquiétude , la mise à jour de
quelque fossile, qui serait une preuve directe de l'existence de l'homme
à l'époque reculée où cette partie du globe était envahie par les eaux.

« On comprend ainsi tout l'intérêt excité par l'annonce d'une découverte
faite le 28 mars dernier, par M. Boucher de Perthes, qui, disait-on, avait
trouvé dans une des couches inférieures du terrain diluvien, exploité
comme carrière de cailloux à Moulin-Quignon, près d'Abbeville, la moitié
d'une mâchoire humaine.

« Le professeur d'Anthropologie du Muséum d'Histoire naturelle fut un
des premiers à vouloir contrôler, sur place, toutes les circonstances qui
pouvaient jeter quelque lumière sur la valeur scientitique des nouvelles
observations du persévérant explorateur des antiquités de la vallée de la
Somme, et, dans la séance du 21 avril dernier, il vint entretenir l'Acadé-
mie des résultats de cette investigation, à laquelle avait pris part un éminent
paléontologiste anglais, M. Falconer. Notre savant confrère, M. de Quatre-
fages, déclara que l'os trouvé par M. Boucher de Perthes était bien la mâ-
choire d'un homme; que cet os lui paraissait être indubitablement un fos-
sile de la couche inférieure du terrain, dit diluvien, de Moulin-Quignon;
que dans le même dépôt de gravier il avait constaté l'existence de deux
haches en silex, et que ces produits de l'industrie humaine, ainsi que la
mâchoire, lui paraissaient avoir reposé dans ce terrain de transport depuis
l'époque où celui-ci avait été formé; mais il déclara aussi qu'il ne voulait
émettre aucune opinion touchant l'âge de ce grand dépôt géologique. Il
avait été confirmé dans cette manière de voir par M. Desnoyers, par M. De-
lesse et par M. Pictet, à qui il avait montré la mâchoire, et il crut avoir des
raisons de penser que M. Falconer avait jugé les choses de la même ma-
nière. Mais un examen plus approfondi d'un certain nombre de haches pro-
venant de Moulin-Quignon, et de quelques autres objets, ne tarda pas à faire
naître des doutes dans l'esprit de ce dernier savant, et bientôt après, s'ap-
puyant sur l'opinion de plusieurs autres naturalistes habiles de l'Angleterre,
M. Falconer crut devoir aller plus loin. Dans une lettre qui fut publiée
dans un des principaux journaux de Londres, le Times, et qui eut un grand
retentissement, ce savant déclara formellement que toutes les haches pro-
venant de la couche noire de Moulin-Quignon, couche dont la mâchoire
avait été extraite, étaient fausses, c'est-à-dire de fabrication récente, et que
dans cette circonstance les paléontologistes français avaient été victimes
d'une supercherie habilement préparée par les ouvriers de la carrière ou
par quelque autre personne. M. Falconer ajouta qu'une molaire humaine
dont M. Boucher de Perthes lui avait fait présent comme étant un fossile du
même terrain était en réalité une dent très-récente; que la constatation d'une
pareille fraude devait nécessairement ôter toute valeur à la découverte de
la mâchoire humaine trouvée dans les mêmes conditions par M. Boucher
de Perthes, et que cette affaire servirait au moins à donner une leçon de
prudence aux naturalistes qui s'étaient laissé tromper pas des imposteurs.

« Partagés ainsi d'opinion, mais également désireux de connaître la vé-
rité, MM. Falconer et de Quatrefages résolurent de reprendre en commun
l'examen des points en litige, et d'ouvrir sur ce sujet une enquête à laquelle
prendraient part quelques-uns de leurs confrères. M. Falconer annonça qu'il
se rendrait à Paris accompagné de MM. Prestwicb, Carpenter et Bush, tous
 
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