Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue archéologique — 7.1863

DOI article:
Nouvelles archéologiques et correspondance
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0438

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
430

REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

dans l'intérieur de la mâchoire. Cette couche grise se trouvait à quelques
centimètres du niveau où la mâchoire avait été rencontrée, et on concevait
facilement que si l'os, après avoir séjourné quelque temps clans de l'eau char-
gée de ce sable,, avait été exposé à l'action de quelque petit remous, il au-
rait pu être enfoui plus profondément dans le gravier noirâtre sous-jacent.
Ainsi l'existence de ce sable grisâtre dans l'intérieur de l'os, qui la veille
nous avait paru fournir un argument plausible en faveur de la non-authen-
ticité de la découverte de M. Boucher de Perthes, est devenue tout à coup
une preuve très-forte du séjour prolongé de l'os dans le lieu où ce savant
l'avait trouvé.

« Cet incident contribua, je pense, à ébranler beaucoup la conviction des
paléontologistes qui avaient attribué à une supercherie la présence de la
mâchoire dans le diluvium de Moulin-Quignon, et du reste les résultats de
la fouille qui se poursuivait activement sous les yeux de la réunion ne tar-
dèrent pas à convaincre tous les incrédules.

« En effet, en enlevant par tranches verticales le gravier et les cailloux
accumulés entre la craie et la terre végéiale, nous ne tardâmes pas à ren-
contrer sur place, à une profondeur de plus de quatre mètres au-dessous
de la surface du sol, un silex taillé en forme de hache, et avant la fin de la
journée nous en découvrîmes quatre autres. Ces produits de l'industrie
humaine reposaient au milieu d'une couche analogue à celle dont on avait
extrait la mâchoire; quelques-uns d'entre eux se trouvaient à plus de vingt
mètres du puisard naturel dont il a été déjà question; enfin, les circonstan-
ces dans lesquelles nous les trouvâmes ne laissèrent dans l'esprit d'aucun
-membre de la réunion le moindre soupçon au sujet de leur authenticité.
M. Falconer lui-même vint aider M. Alphonse Edwards à retirer du dépôt
diluvien encore en place une de ces haches.

« Or, sur les cinq hacbes ainsi obtenues en présence de vingt hommes de
science et sous le surveillance active de personnes qui ne sont pas étran-
gères à l'art d'observer, haches dont l'authenticité était par conséquent in-
discutable, il y en avait quatre qui ressemblaient en tout à celles précédem-
ment tirées de la couche noire par M. Boucher de Perthes ; elles présentaient
tous les caractères à raison desquels, au début de l'enquête, plusieurs
membres de la réunion avaient déclaré que toutes ces haches étaient
fausses et avaient attribué à quelque fraude habilement pratiquée la pré-
sence d'une mâchoire humaine dans le dépôt de gravier où M. Boucher de
Perthes avait découvert cet os,

« Le désir d'arriver à la connaissance de la vérité était l'unique senti-
ment dont étaient animés tous les paléontologistes qui, de Londres et de
Paris, s'étaient rendus à Abbeville pour étudier les questions dont je viens
d'entretenir l'Académie, et dès que l'obscurité dont le sujet était d'abord
entouré disparut ainsi, tous les membres de cette réunion d'amis adoptè-
rent la même opinion. Écartant toute idée de fraude, ils ont reconnu, de la
manière la plus franche, qu'il ne leur paraissait plus y avoir aucune raison
pour révoquer en doute l'authenticité de la découverte faite par M. Boucher
de Perthes d'une mâchoire humaine dans la partie inférieure du grand dé-
pôt de gravier, d'argile et de cailloux de. la carrière de Moulin-Quignon.

« Ce n'est pas sans quelque satisfaction que j'ai vu de la sorte les opi-
nions de M. de Quatrefages, de M. Lartet, de M. Desnoyers, de M. Delesse,
et des autres naturalistes français réunis à Moulin-Quignon, obtenir la
haute sanction d'hommes dont l'autorité est si grande dans la science et
dont le jugement est d'autant plus précieux qu'il a été plus lentement
formé.

« En effet, M. Prestwich, qui doutait encore en arrivant avec nous à
Abbeville et qui est parti convaincu comme nous l'étions nous-mêmes, est
 
Annotationen