UN
COLLEGE DE PARIS
AU XIVe SIÈCLE
Avant de montrer ce qu’était un collège de Paris au xive siècle, il
est absolument nécessaire de rappeler en quelques mots ce que
l’Université était à cette époque.
L’Université de Paris était depuis plus d’un siècle le principal
centre d’études et de savoir qu’il y eut au monde. Nous n’insiste-
rons pas sur l’éclat de sa renommée,, sur l’influence extraordinaire
qu’elle exerçait, sur l’importance de son rôle non-seulement dans
l’histoire religieuse, mais encore dans l’histoire politique; nous vou-
lons donner seulement un aperçu de son organisation.
L’Université de Paris, universitas stuclii parisiensis, s’était formée
par la réunion en corporation de tous les maîtres et professeurs qui,
de temps immémorial, enseignaient sur le territoire de Notre-Dame
et de l'abbaye de Sainte-Geneviève. Cette corporation ne s’était soli-
dement constituée qu’à la fin du xne siècle. Elle n’avait rien d’ex-
clusivement national; elle était an contraire européenne, quoique
l’élément français y fût prépondérant. L’État n’avait pas à interve-
nir dans ses règlements intérieurs. Elle se régissait elle-même, en
vertu des privilèges que lui avaient assurés le pouvoir spirituel et
le pouvoir temporel, comme à l’envi l’un de l’autre.
La population universitaire se divisait en maîtres et écoliers,
ou plutôt en gradués et non-gradués. Les derniers, inscrits aux
écoles publiques ou aux cours privés, jouissaient des prérogatives et
immunités ; exemption d’impôts, justice spéciale, etc; mais ne pre-
naient point part au gouvernement de la corporation. Ils étaient
protégés par elle, mais n’en faisaieut pas réellement partie. On
COLLEGE DE PARIS
AU XIVe SIÈCLE
Avant de montrer ce qu’était un collège de Paris au xive siècle, il
est absolument nécessaire de rappeler en quelques mots ce que
l’Université était à cette époque.
L’Université de Paris était depuis plus d’un siècle le principal
centre d’études et de savoir qu’il y eut au monde. Nous n’insiste-
rons pas sur l’éclat de sa renommée,, sur l’influence extraordinaire
qu’elle exerçait, sur l’importance de son rôle non-seulement dans
l’histoire religieuse, mais encore dans l’histoire politique; nous vou-
lons donner seulement un aperçu de son organisation.
L’Université de Paris, universitas stuclii parisiensis, s’était formée
par la réunion en corporation de tous les maîtres et professeurs qui,
de temps immémorial, enseignaient sur le territoire de Notre-Dame
et de l'abbaye de Sainte-Geneviève. Cette corporation ne s’était soli-
dement constituée qu’à la fin du xne siècle. Elle n’avait rien d’ex-
clusivement national; elle était an contraire européenne, quoique
l’élément français y fût prépondérant. L’État n’avait pas à interve-
nir dans ses règlements intérieurs. Elle se régissait elle-même, en
vertu des privilèges que lui avaient assurés le pouvoir spirituel et
le pouvoir temporel, comme à l’envi l’un de l’autre.
La population universitaire se divisait en maîtres et écoliers,
ou plutôt en gradués et non-gradués. Les derniers, inscrits aux
écoles publiques ou aux cours privés, jouissaient des prérogatives et
immunités ; exemption d’impôts, justice spéciale, etc; mais ne pre-
naient point part au gouvernement de la corporation. Ils étaient
protégés par elle, mais n’en faisaieut pas réellement partie. On