Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue archéologique — 12.1865

DOI article:
Martin, Thomas Henri: La foudre et le feu Saint-Elme dans l'antiquité, [1]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24254#0130

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
126 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

causes naturelles ce phénomène, de même que tous les autres. Cette har-
diesse scandalisa d’abord: Socrate l’enveloppa dans le blâme qu’il adressait
à toutes les théories physiques (1). Il paraît que, sur les causes de la foudre,
les pythagoriciens s’étaient abstenus de toute discussion, et qu’ils avaient
même adopté, du moins ostensiblement, une opinion semblable à celle
des Chaldéens(2). Mais toutes les autres principales sectes philosophiques,
même celles qui, pour sauver la divination, admettaient que la foudre et
les autres présages étaient ménagés et préparés par les dieux ou par des
génies intermédiaires entre l’homme et la divinité (3), hasardèrent à
l’envi leurs hypothèses sur les causes secondes de ce phénomène.

Quand les théories grecques furent venues se fondre avec les obser-
vations étrusques et romaines (4), on put croire que la matière était épuisée,
et que, sur la question de la nature de la foudre et de ses causes, l’esprit
humain ne pouvait pas aller plus loin. En effet, tant qu’on a suivi la
même voie, tant qu’on s’est contenté d’observations grossières, sans pouvoir
soumettre à l’expérimentation le principe même de la foudre, c’est-à-dire
jusque vers le milieu du siècle dernier, on n’a guère dépassé les anciens
en ce qui concerne la connaissance et la théorie de ce météore, sur lequel
Descartes en savait moins que Sénèque.

Lorsque les physiciens de l’antiquité, de même que les modernes jus-
qu’au siècle dernier, avaient voulu découvrir les causes de la foudre, il
est curieux de voir comment leur esprit ingénieux s’était trouvé empri-
sonné dans un cercle de fausses hypothèses comme dans un labyrinthe,
d’où les physiciens du xvne siècle, de même que ceux de l’antiquité, n’ont
pas pu sortir, et dont l’issue n’a été trouvée qu’à l’aide du ül conducteur
préparé par Otto de Guericke, Wall, Hawkesby, Dufay, Wilcke, Æpinus,
Richmann, d’Alibard, Nollet et autres, et achevé par Francklin (o). 11
est curieux aussi de connaître sur ce phénomène les résultats des obser-
vations prolongées par les anciens pendant des siècles : elles rachètent un
peu par la richesse et la diversité ce qui leur manque en esprit critique et
en méthode.

Tant s’en faut que la foudre soit le seul phénomène marquant de l’élec-
tricité atmosphérique. Pour ne parler que des météores lumineux, seuls

(1) Xénophon, Mémoires, IV, 8, § 6. Comparez IV, 3, § là. Saint Grégoire de
Nazianze (Discours XXVIII, ch. 28, p. 519 A B. Bened.) pense comme Socrate sur
la vanité des explications de la foudre.

(2) Voyez ci-après, 2e partie, § 25.

(3) Cicéron, De divinatione, I, 38, 52 et 53; Apulée, De deo Socratis. t. 2, p. 137
(Oudendorp et Bosscha, in-4), et Martianus Capella, II, g 151, p 205 (Kopp, in-â).
Comparez Platon, Banquet, p. 202-203, et Plutarque, Des oracles qui ont cessé,
ch. 29.

(à) Sénèque, Quæst. nat., II, 50.

(5) M. Whewell, Hist. of the inductive sciences (London, 18â7, in-8), vol. III,
book xi, chap. 3, p. 9-20. Comparez Libes, Hist. de la physique, liv. III, chap. 10,
t. 3, p. 182-210, et note xlvi, p. 301-302.
 
Annotationen