-106 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
Maurice et composée de chrétiens, était deux fois décimée, puis
enfin massacrée dans ia plaine d'Agaune, par ordre de Maximien
Hercule. Le prétexte de cette sanglante exécution était ie refus des
soldats thébéens et de leurs chefs, d'obéir aux ordres de l'empereur,
qui leur commandait soit de marcher contre les Bagaudes, soit de
sacrifier aux faux dieux (1). Les corps des martyrs restèrent enseve-
lis au lieu du supplice jusqu'à l'épiscopat de saint Théodore, évêque
qui gouverna le Valais dans la seconde moitié du iv" siècle, et fit
construire à Agaune une basilique où les reliques des Thébéens furent
transportées. Cette basilique est le premier monument public élevé
en l'honneur de saint Maurice et de ses compagnons; c'est aussi
l'origine de l'abbaye. On ne sait pas si 1e prélat, au moment où il
fondait la basilique, y établissait en même temps une communauté;
mais ce qui est hors de doute, c'est qu'il y installa des prêtres pour la
desservir.
L'existence d'une communauté religieuse à Agaune vers la fin du
Y' siècle est constatée d'une façon positive. H s'y trouvait alors des
moines gouvernés par un abbé du nom de Séverin dont la vie a été
écrile par Faustus, son élève (2). H est donc certain qu'un monastère
existait à Agaune à cette époque, mais il est impossible de dire
depuis quand il existait; on peut croire cependant, à cause de la
renommée du lieu et de la fréquence des pèlerinages, que l'organi-
sation de la communauté remontait très-haut, et que probablement
elle avait été établie par saint Théodore. On n'a pas de détails sur
l'état de ce monastère pendant cette période primitive ; on sait seu-
lement que des laïques (3) habitaient avec leurs familles auprès de la
(1) M. A. Thierry, /oc. c?Y., admet que tes Thébéens ont été massacrés pour avoir
refusé de combattre tes Bagaudes, parmi tesquets tes chrétiens se trouvaient en grand
nombre. Les historiens suisses dont nous avons donné tes noms dans ta note pré-
cédente ont adopté une autre opinion. Plaçant l'événement en 302, époque à la-
quelle la guerre contre les Bagaudes était terminée, ils ont dit que la légion thë-
bëenne, appelée des bords du Rhin et se rendant à Brindes, pour s'y embarquer et
aiier combattre des peupiades insurgées de l'Afrique, avait refusé, à son passage à
Octodunum, de participer aux sacrifices solennels ordonnés par Maximien, en vertu
des livres sybillins.
(2) Ffe c/cca/mi Séuerm, par Faustus ; Boliandistes, t. II, Febr., p. 547 : '< Sanc-
tus Severinus ... clara de stirpc progenitus ... crescentibus annis ad hoc usque
perductus est, ut in sacrosancto Agaunensium monasterio, ubi sanctus Mauritius,
præclarus Christi martyr, corpore quiescit, abbas ... eligeretur. p Saint Séverin fut
appelé auprès du roi Clovis pour le guérir d'une maladie désespérée; il le guérit et
mourut à Chàteau-Landon.
(3) <Ycy aMéc ù'ùgcMne, par un disciple de saint Achivus : Boliandistes,
t. H, Febr., p. 544et suivantes : « promiscui vuigi commixta habitatio tolleretur. P
Maurice et composée de chrétiens, était deux fois décimée, puis
enfin massacrée dans ia plaine d'Agaune, par ordre de Maximien
Hercule. Le prétexte de cette sanglante exécution était ie refus des
soldats thébéens et de leurs chefs, d'obéir aux ordres de l'empereur,
qui leur commandait soit de marcher contre les Bagaudes, soit de
sacrifier aux faux dieux (1). Les corps des martyrs restèrent enseve-
lis au lieu du supplice jusqu'à l'épiscopat de saint Théodore, évêque
qui gouverna le Valais dans la seconde moitié du iv" siècle, et fit
construire à Agaune une basilique où les reliques des Thébéens furent
transportées. Cette basilique est le premier monument public élevé
en l'honneur de saint Maurice et de ses compagnons; c'est aussi
l'origine de l'abbaye. On ne sait pas si 1e prélat, au moment où il
fondait la basilique, y établissait en même temps une communauté;
mais ce qui est hors de doute, c'est qu'il y installa des prêtres pour la
desservir.
L'existence d'une communauté religieuse à Agaune vers la fin du
Y' siècle est constatée d'une façon positive. H s'y trouvait alors des
moines gouvernés par un abbé du nom de Séverin dont la vie a été
écrile par Faustus, son élève (2). H est donc certain qu'un monastère
existait à Agaune à cette époque, mais il est impossible de dire
depuis quand il existait; on peut croire cependant, à cause de la
renommée du lieu et de la fréquence des pèlerinages, que l'organi-
sation de la communauté remontait très-haut, et que probablement
elle avait été établie par saint Théodore. On n'a pas de détails sur
l'état de ce monastère pendant cette période primitive ; on sait seu-
lement que des laïques (3) habitaient avec leurs familles auprès de la
(1) M. A. Thierry, /oc. c?Y., admet que tes Thébéens ont été massacrés pour avoir
refusé de combattre tes Bagaudes, parmi tesquets tes chrétiens se trouvaient en grand
nombre. Les historiens suisses dont nous avons donné tes noms dans ta note pré-
cédente ont adopté une autre opinion. Plaçant l'événement en 302, époque à la-
quelle la guerre contre les Bagaudes était terminée, ils ont dit que la légion thë-
bëenne, appelée des bords du Rhin et se rendant à Brindes, pour s'y embarquer et
aiier combattre des peupiades insurgées de l'Afrique, avait refusé, à son passage à
Octodunum, de participer aux sacrifices solennels ordonnés par Maximien, en vertu
des livres sybillins.
(2) Ffe c/cca/mi Séuerm, par Faustus ; Boliandistes, t. II, Febr., p. 547 : '< Sanc-
tus Severinus ... clara de stirpc progenitus ... crescentibus annis ad hoc usque
perductus est, ut in sacrosancto Agaunensium monasterio, ubi sanctus Mauritius,
præclarus Christi martyr, corpore quiescit, abbas ... eligeretur. p Saint Séverin fut
appelé auprès du roi Clovis pour le guérir d'une maladie désespérée; il le guérit et
mourut à Chàteau-Landon.
(3) <Ycy aMéc ù'ùgcMne, par un disciple de saint Achivus : Boliandistes,
t. H, Febr., p. 544et suivantes : « promiscui vuigi commixta habitatio tolleretur. P