LE DISQUE DE PHAISTOS
11
disque se lût de gauche à droite. Mais, de tous les raisonnements
par lesquels il tente d’établir que les signes partent du centre,
aucun ne me paraît convaincant. Le plus spécieux est celui qui
insiste sur le fait que c’est vers la droite que toutes les figures
marchent ou regardent. Cependant, la règle constante des écri-
tures hiéroglyphiques, tant égyptiennes que hétéennes1 2, est pré-
cisément que les figures sont tournées vers le lecteur. Si les
figures regardent vers la périphérie, c’est donc que le lecteur par-
tait de la périphérie. L’imprimeur en était parti également ; deux
constatations, qu’on peut dire d’ordre typographique, suffisent
à l’établir : 1° régulièrement espacés dans la spirale extérieure,
les signes se serrent à mesure qu’on approche du centre. Au
centre de la face A ils n’en arrivent pas seulement à se toucher,
mais il restait si peu de place à l’imprimeur qu’il a dû disposer
la tête à plumes et le bouclier, non pas verticalement l’une à
côté de l’autre comme à l’ordinaire, mais horizontalement et
l’une sous l’autre. 2° Quand deux signes chevauchent l’un sur
l’autre (p. ex. dans A XIV la barque sur la peau, dans A XVII la
2e peau sur la lre), c’est toujours le deuxième signe, celui de
gauche, qui empiète sur le premier ; c’est par conséquent de
droite à gauche que l’impression se poursuivait".
1. Les hiéroglyphes égyptiens vont régulièrement de droite à gauche; il
paraît en être de même dans les plus anciens textes hétéens qui deviennent
plus tard boustrophédiques. Les cunéiformes, qui dérivent d’écritures idéogra-
phiques, procèdent aussi de droite à gauche. Il en est de même de l’écriture
pictographique crétoise; plusieurs signes dans l’écriture linéaire crétoise ont
gardé la position sinistroverse. A. délia Seta et Éd. Meyer ont reconnu que
la lecture devait partir de la périphérie.
2. La seule exception à cette règle se présente dans A V où le bouclier
empiète sur le prisonnier placé à sa gauche. J’avais reconnu, en examinant ce
cas avec mon ami Seymour de Ricci, comme M. délia Seta l’a fait de son côté
(p. 309), que cette exception apparente était l’effet d’une correction. Le disque
était déjà imprimé quand il fallut rajouter la tête à plumes et le bouclier devant
le groupe qui commençait primitivement par le prisonnier. La ligne de sépara-
tion qui se trouvait dans le prolongement de celle qui sépare XVI et XVII et
XXIII et XXIV dut être effacée et reportée plus à gauche. Cette correction a
également affecté le compartiment voisin de gauche (IV). Dans le compartiment
VIII on peut-voir encore une rature, un signe ayant été manifestement effacé
à la gauche de l’équerre.
11
disque se lût de gauche à droite. Mais, de tous les raisonnements
par lesquels il tente d’établir que les signes partent du centre,
aucun ne me paraît convaincant. Le plus spécieux est celui qui
insiste sur le fait que c’est vers la droite que toutes les figures
marchent ou regardent. Cependant, la règle constante des écri-
tures hiéroglyphiques, tant égyptiennes que hétéennes1 2, est pré-
cisément que les figures sont tournées vers le lecteur. Si les
figures regardent vers la périphérie, c’est donc que le lecteur par-
tait de la périphérie. L’imprimeur en était parti également ; deux
constatations, qu’on peut dire d’ordre typographique, suffisent
à l’établir : 1° régulièrement espacés dans la spirale extérieure,
les signes se serrent à mesure qu’on approche du centre. Au
centre de la face A ils n’en arrivent pas seulement à se toucher,
mais il restait si peu de place à l’imprimeur qu’il a dû disposer
la tête à plumes et le bouclier, non pas verticalement l’une à
côté de l’autre comme à l’ordinaire, mais horizontalement et
l’une sous l’autre. 2° Quand deux signes chevauchent l’un sur
l’autre (p. ex. dans A XIV la barque sur la peau, dans A XVII la
2e peau sur la lre), c’est toujours le deuxième signe, celui de
gauche, qui empiète sur le premier ; c’est par conséquent de
droite à gauche que l’impression se poursuivait".
1. Les hiéroglyphes égyptiens vont régulièrement de droite à gauche; il
paraît en être de même dans les plus anciens textes hétéens qui deviennent
plus tard boustrophédiques. Les cunéiformes, qui dérivent d’écritures idéogra-
phiques, procèdent aussi de droite à gauche. Il en est de même de l’écriture
pictographique crétoise; plusieurs signes dans l’écriture linéaire crétoise ont
gardé la position sinistroverse. A. délia Seta et Éd. Meyer ont reconnu que
la lecture devait partir de la périphérie.
2. La seule exception à cette règle se présente dans A V où le bouclier
empiète sur le prisonnier placé à sa gauche. J’avais reconnu, en examinant ce
cas avec mon ami Seymour de Ricci, comme M. délia Seta l’a fait de son côté
(p. 309), que cette exception apparente était l’effet d’une correction. Le disque
était déjà imprimé quand il fallut rajouter la tête à plumes et le bouclier devant
le groupe qui commençait primitivement par le prisonnier. La ligne de sépara-
tion qui se trouvait dans le prolongement de celle qui sépare XVI et XVII et
XXIII et XXIV dut être effacée et reportée plus à gauche. Cette correction a
également affecté le compartiment voisin de gauche (IV). Dans le compartiment
VIII on peut-voir encore une rature, un signe ayant été manifestement effacé
à la gauche de l’équerre.