LE TOMBEAU DE LAMBIRIDI ET L HERMÉTISME AFRICAIN 233
confiant dans la Providence que nient les Épicuriens, il ne
craint pas davantage, et, avec eux, sinon comme eux, prononce
le v.y.o>. dont leur critique impitoyable inventa la sérénité1.
Tel qui allait pleurer sur ses cendres se rappelle les leçons pan-
théistes qu’il a reçues et se réjouit de l’apothéose que lui pro-
met son retour au giron divin de la Terre-mère2 3 4 5. Tel autre qui
invoque la Terre-mère — xs'jôi yaïa ®(at] — prend son parti
d’avoir été — rprcp -qp.rp — et de s’en aller comme il était
venu — à^AÔcv , parce que, à son avis, la fin
de son existence actuelle ne ferme pas fatalement le cycle des
migrations par où sont passées ses existences antérieures et par
où, peut-être, passeront ses existences futures :
... a 9é[itç, cùx èSoxeuja,
six’ yjp/rçv Trpôrepov, etre ;/pôvotç SŒop.at
Une lueur semblable brille sur la tombe romaine de Bassa,
que paraient, comme d’un espoir, les derniers vers de son épi-
taphe :
Quod, fueram non sum sed rursum ero quod modo non sum.
Ortus et occasus vitaque morsque itidest’*.
Il y avait, probablement, une tendance analogue dans l’es-
prit du vétéran de la légion III® Auguste qui, tout en emprun-
tant leur style aux Épicuriens, paraît avoir postulé une mé-
tempsychose dont la Terre, patrie de la création continuée,
perpétuerait indéfiniment les renouvellements : Non /ueras,
mine es ilerum, mine desines esse. Hic situs est patriae1. Il s’en
1. Marc-Aurèle, Eîç êowtov, VI, 10 et VIH, 58. Voir la leçon de confiance que
tire Sénèque de l’argument épicurien (Dial., XJ, 9 ; £p., 77, 11).
2. G. 1. L., VI, 29609 : Cinis sum, cinis terra est, terra dea est, ergo ego
mortuua (sic) non sum . Cf. ibid , 35887 : mortua heic ego sum et sum cinis, is
cinis terrast | sein est terra dea, ego sum dea, mortua non sum. Cf. Bergk,
Port. lyr. graeci, II, 239 (cité par Dessau, Jnscriptiones selectae, 8168) :
EtpA vexpôç, vexpo; 8s xôupoç, yî) 8’ -q xonpoç èarlv.
Et Si re y?| 6so; sot’ où vexpoç à)Jà 0sô;.
3. Kaibel, Epigrammata, 615 (IG., XIV, 2068 = G. 1. G., 6309 b) (inscrip-
tion de Seni).
4. G. I. L , VI, 13528, (Buecheler, Carm. ep., 1559).
5. G. I. L., VIII, 2885 (inscription de Lambèse).
confiant dans la Providence que nient les Épicuriens, il ne
craint pas davantage, et, avec eux, sinon comme eux, prononce
le v.y.o>. dont leur critique impitoyable inventa la sérénité1.
Tel qui allait pleurer sur ses cendres se rappelle les leçons pan-
théistes qu’il a reçues et se réjouit de l’apothéose que lui pro-
met son retour au giron divin de la Terre-mère2 3 4 5. Tel autre qui
invoque la Terre-mère — xs'jôi yaïa ®(at] — prend son parti
d’avoir été — rprcp -qp.rp — et de s’en aller comme il était
venu — à^AÔcv , parce que, à son avis, la fin
de son existence actuelle ne ferme pas fatalement le cycle des
migrations par où sont passées ses existences antérieures et par
où, peut-être, passeront ses existences futures :
... a 9é[itç, cùx èSoxeuja,
six’ yjp/rçv Trpôrepov, etre ;/pôvotç SŒop.at
Une lueur semblable brille sur la tombe romaine de Bassa,
que paraient, comme d’un espoir, les derniers vers de son épi-
taphe :
Quod, fueram non sum sed rursum ero quod modo non sum.
Ortus et occasus vitaque morsque itidest’*.
Il y avait, probablement, une tendance analogue dans l’es-
prit du vétéran de la légion III® Auguste qui, tout en emprun-
tant leur style aux Épicuriens, paraît avoir postulé une mé-
tempsychose dont la Terre, patrie de la création continuée,
perpétuerait indéfiniment les renouvellements : Non /ueras,
mine es ilerum, mine desines esse. Hic situs est patriae1. Il s’en
1. Marc-Aurèle, Eîç êowtov, VI, 10 et VIH, 58. Voir la leçon de confiance que
tire Sénèque de l’argument épicurien (Dial., XJ, 9 ; £p., 77, 11).
2. G. 1. L., VI, 29609 : Cinis sum, cinis terra est, terra dea est, ergo ego
mortuua (sic) non sum . Cf. ibid , 35887 : mortua heic ego sum et sum cinis, is
cinis terrast | sein est terra dea, ego sum dea, mortua non sum. Cf. Bergk,
Port. lyr. graeci, II, 239 (cité par Dessau, Jnscriptiones selectae, 8168) :
EtpA vexpôç, vexpo; 8s xôupoç, yî) 8’ -q xonpoç èarlv.
Et Si re y?| 6so; sot’ où vexpoç à)Jà 0sô;.
3. Kaibel, Epigrammata, 615 (IG., XIV, 2068 = G. 1. G., 6309 b) (inscrip-
tion de Seni).
4. G. I. L , VI, 13528, (Buecheler, Carm. ep., 1559).
5. G. I. L., VIII, 2885 (inscription de Lambèse).