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382 REVUE ARCHÉOLOGIQUE
monde, car l’auteur a dû nécessairement recourir au vocabulaire compliqué de
la phonétique; puis un intéressant « exercice sur un texte de Platon », avec
transcriptions musicales à l’usage de ceux qui savent solfier. Est-ce là un luxe?
M. R. ne le croit pas, tout en accordant que « la réforme n’est pas mûre. »
Mais il souhaite qu’on se pénètre de l’idée que le grec, tel que nous le faisons
ordinairement prononcer, est une caricature; nous n’avons pas le droit, selon
lui, de parler de l'harmonie d’un Sophocle ou d’un Platon, quand nous les
entendons grossièrement estropiés. Voilà ce que je n’accorde point. Nous pro-
nonçons le latin aussi mal que le grec; et pourtant, tous les anciens rhétori-
ciens de la bonne époque, ceux qui ont écrit des discours et des vers latins,
distinguent parfaitement et à première vue les qualités musicales des textes
littéraires. De même pour le grec, bien que nous ayons peu écrit en cette
langue. Entre une jolie épigramme de l'Anthologie et une mauvaise, notre choix
est fait avant que nous ayons pris la peine de tout comprendre. Assurément, il
vaut mieux prononcer bien que mal; mais la culture classique n’est pas à ce
prix. Elle est au prix d’exercices de mémoire et d'exercices d’imitation.
S. R.
André Liautey. La hausse des prix et la lutte contre la cherté en France
au XVl‘ siècle. Paris, Jouve, 1921 ; in-8, 352 p. — Le xvi* siècle fut une époque
de désordre monétaire; on disait alors que les monnaies étaient déréglées. En
vérité, il n’y eut pas une seule crise, mais plusieurs, qui ne répondaient pas
toutes aux memes causes, mais eurent pour conséquence pareille la hausse
désordonnée des prix (de 1 à 6). L’une de ces causes fut certainement l’afflux
inouï de métaux précieux, dû à la découverte de l’Amérique. D’autres furent,
au début du siècle, le développement du commerce; à la fin du siècle, l'es
guerres civiles et étrangères qui ruinèrent la France et y raréfièrent extrême-
ment les denrées et le travail utile. Gomment le développement du commerce,
sensible dès la fin du xve siècle, a-t-il pu produire un renchérissement général?
C’est que ce commerce profitait à des gens jadis trop pauvres pour beaucoup
acheter et qui, à la façon de nos nouveaux riches, voulaient faire concurrence
aux autres avant que la production n’eùt suffisamment augmenté. Ainsi la pros-
périté née des échanges peut avoir le même effet que la misère causée par des
destructions, preuve de la complexité d’un problème que vient encore obscurcir
l’ignorance où l’on est souvent de la puissance d’achat des espèces en cours.
Ces phénomènes ont été souvent étudiés; dès 1566, le jurisconsulte Dumoulin
attribuait l’élévation des prix à l’accroissement de la population et à l’augmen-
tation du stock monétaire. Bodin, peu de temps après, ne parlait plus de l’ac-
croissement de la population, mais de la surabondance des métaux précieux,
des coalitions et des associations qui cherchaient à provoquer la hausse, du
luxe des princes et des particuliers1. M. Liautey a étudié la question dans le

1. Pour diminuer la cherté de-la vie, Bodin recommande de manger du pois-
son et se plaint que ]a France ne tire point assez parti de sa riche faune aqua-
tique. C’est exactement la même chose aujourd’hui.
 
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