BIBLIOGRAPHIE
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Ditlef Nielsén. Der Dreieinige Gott in religionshistorischer Bedeutung.
Nordisk Forlag, Copenhague, 1922; gr. in-8, xv-472 p., avec nombreuses gra-
vures. — Le but de cet ouvrage très clair, écrit par un orientaliste pour ]e
grand public, est de montrer qu'on a beaucoup exagéré l’influence de l’hellé-
nisme sur le christianisme naissant; l’influence dominante est celle d’une reli-
gion sémitique primitive, à base naturaliste, qui paraît déjà fort altérée en
Babylonie, mais dont la religion des Arabes avant Mahomet offre une plus
exacte image. Si, par des comparaisons analogues à celle qu’institue la linguis-
tique, on restitue cette religion sémitique xar’ è$o-/nv, on est tout étonné (mais
n’y a-t-on pas un peu prêté la main?) de trouver là les idées essentielles du
christianisme, communion, baptême, Trinité, etc. En ce qui concerne la Trinité,
elle existait dans la religion primitive sous le type du père, du fils et de la
mère; mais comme la mère était devenue une divinité impure, on tendait déjà,
en Babylonie, à la remplacer par un troisième élément masculin (Bamman au
lieu Alshtar). Maintenant, de ce que le christianisme s’est approprié les formes
mythologiques courantes de son temps, il ne résulte pas qu’il soit uniquement
une mythologie; comme les Simoniens et les Manichéens, les chrétiens recon-
naissent un dieu dont l’existence terrestre est incontestable, bien qu’il nous
soit impossible de rien savoir de bien positif à son sujet. Mais il y a, dans
l’enseignement de Jésus, des éléments strictement authentiques; la conception
du dieu père des hommes, lesquels sont considérés comme ses enfants, est du
nombre. On comprend que je ne puisse discuter ici les assertions de l’auteuri;
je signale seulement, car c’est fort intéressant, la part prépondérante attribuée,
dans l’évolution du christianisme, à ce qu'il y avait de vivant encore et de popu-
laire dans le fonds religieux commun de l’Orient.
S. R.
P. L. Couchoud. L'Apocalypse. Traduction et introduction, avec illustrations
sur bois de A. F. Cosyns. Paris, Bossard, 1922; in-8, 137 p., 21 fr. —
« Charles (the Rev. R. H.) a restitué (en 1920) à V Apocalypse sa figure de poème
hébreu composé en grec... On doit aller plus loin que Charles dans sa propre
découverte. Les parties qu’il laisse en prose suivent les mêmes règles que le
reste. D’un bout à l’autre, l’Apocalypse obéit au métronome de l’idée... En sa
cadence un peu lâche, le poème hébreu est avant tout une cantilène de la
pensée. Il s’ensuit qu’il n’est pas absurde d’imiter les poèmes hébreux en une
langue étrangère. C’est ce qu’a fait le nabi helléniste. » C’est ce qu’à fait à son
tour M. Couchoud.
Tels sont les principes directeurs de la nouvelle édition de V Apocalypse. La
traduction qu’on nous donne est rythmée, divisée en vers. Cela se lit fort bien.
L’introduction témoigne d’une information précise8. L’auteur essaie de recons-
1. Pourtant, je ne puis laisser passer, sans en souligner l’extravagance, le doute
jeté à nouveau sur l’authenticité de l’inscription de Mésa (p. 182-3).
2. Je remarque cependant qu’il n’est pas question du livre si curieux de Boll,
qui a fait profiter l’Apocalypse du progrès des études sur l’astrologie.
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Ditlef Nielsén. Der Dreieinige Gott in religionshistorischer Bedeutung.
Nordisk Forlag, Copenhague, 1922; gr. in-8, xv-472 p., avec nombreuses gra-
vures. — Le but de cet ouvrage très clair, écrit par un orientaliste pour ]e
grand public, est de montrer qu'on a beaucoup exagéré l’influence de l’hellé-
nisme sur le christianisme naissant; l’influence dominante est celle d’une reli-
gion sémitique primitive, à base naturaliste, qui paraît déjà fort altérée en
Babylonie, mais dont la religion des Arabes avant Mahomet offre une plus
exacte image. Si, par des comparaisons analogues à celle qu’institue la linguis-
tique, on restitue cette religion sémitique xar’ è$o-/nv, on est tout étonné (mais
n’y a-t-on pas un peu prêté la main?) de trouver là les idées essentielles du
christianisme, communion, baptême, Trinité, etc. En ce qui concerne la Trinité,
elle existait dans la religion primitive sous le type du père, du fils et de la
mère; mais comme la mère était devenue une divinité impure, on tendait déjà,
en Babylonie, à la remplacer par un troisième élément masculin (Bamman au
lieu Alshtar). Maintenant, de ce que le christianisme s’est approprié les formes
mythologiques courantes de son temps, il ne résulte pas qu’il soit uniquement
une mythologie; comme les Simoniens et les Manichéens, les chrétiens recon-
naissent un dieu dont l’existence terrestre est incontestable, bien qu’il nous
soit impossible de rien savoir de bien positif à son sujet. Mais il y a, dans
l’enseignement de Jésus, des éléments strictement authentiques; la conception
du dieu père des hommes, lesquels sont considérés comme ses enfants, est du
nombre. On comprend que je ne puisse discuter ici les assertions de l’auteuri;
je signale seulement, car c’est fort intéressant, la part prépondérante attribuée,
dans l’évolution du christianisme, à ce qu'il y avait de vivant encore et de popu-
laire dans le fonds religieux commun de l’Orient.
S. R.
P. L. Couchoud. L'Apocalypse. Traduction et introduction, avec illustrations
sur bois de A. F. Cosyns. Paris, Bossard, 1922; in-8, 137 p., 21 fr. —
« Charles (the Rev. R. H.) a restitué (en 1920) à V Apocalypse sa figure de poème
hébreu composé en grec... On doit aller plus loin que Charles dans sa propre
découverte. Les parties qu’il laisse en prose suivent les mêmes règles que le
reste. D’un bout à l’autre, l’Apocalypse obéit au métronome de l’idée... En sa
cadence un peu lâche, le poème hébreu est avant tout une cantilène de la
pensée. Il s’ensuit qu’il n’est pas absurde d’imiter les poèmes hébreux en une
langue étrangère. C’est ce qu’a fait le nabi helléniste. » C’est ce qu’à fait à son
tour M. Couchoud.
Tels sont les principes directeurs de la nouvelle édition de V Apocalypse. La
traduction qu’on nous donne est rythmée, divisée en vers. Cela se lit fort bien.
L’introduction témoigne d’une information précise8. L’auteur essaie de recons-
1. Pourtant, je ne puis laisser passer, sans en souligner l’extravagance, le doute
jeté à nouveau sur l’authenticité de l’inscription de Mésa (p. 182-3).
2. Je remarque cependant qu’il n’est pas question du livre si curieux de Boll,
qui a fait profiter l’Apocalypse du progrès des études sur l’astrologie.