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Ravaisson, Félix
Le monument de Myrrhine et les bas-reliefs funéraires des Grecs en général — Paris, 1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6639#0025
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— 18 —

Welcker, OttoJahn, Friedrichs, M. Pervanoglu, etc., ont embrassé la
même opinion. Cependant, indépendamment de toute la suite des faits
que j'ai exposés ci-dessus, des circonstances particulières aux bas-re-
liefs où le défunt est représenté à table, ainsi qu'à ceux où il est re-
présenté à cheval, démontrent que la scène ne se passe pas sur cette
terre. Ces circonstances consistent en des accessoires évidemment
destinés à suggérer l'idée de l'autre vie, savoir, la présence d'un arbre
semblable à celui des Hespérides, une patère aux mains du défunt, un
autel allumé devant lui, des personnages qui lui adressent une invo-
cation, enfin des ornements qui le caractérisent comme identifié à
certaines divinités.

Les anciens placèrent généralement le lieu du bonheur futur dans la
région vers laquelle le soleil leur semblait toujours tendre, comme pour
aller s'y reposer. Ce lieu était un jardin de délices habité par des nym-
phes dites les Filles du soir. Là s'étaient faites les noces du roi et de
la reine des dieux. Pour fêter l'union divine, un arbre qui s'élevait au
milieu de ce paradis avait produit alors des fruits d'or, symbole de
bonheur et de fécondité. Autour de cet arbre, et parmi ses rameaux,
s'enroulait un serpent. Le serpent, aux premiers âges, était consi-
déré comme rempli de la science dont la terre, d'où tout naissait avee
ordre et mesure, renfermait l'inépuisable source; il semblait le génie
même de la terre (i), et c'est en lui, très-vraisemblablement, qu'on
avait adoré d'abord le dieu universel. Un arbre à fruits d'or, entouré
d'un serpent, était donc le symbole naturel de la richesse ou puis-
sance unie à l'omniscience, par conséquent celui de la condition divine,
avec l'immortalité bienheureuse qui y était attachée. A partir, ce sem-
ble, du temps des successeurs d'Alexandre, la représentation d'un
arbre à fruits entouré d'un serpent s'ajouta fréquemment aux monu-
ments funéraires, à ceux du moins où la scène permettait de faire
voir la campagne.

Sur un grand nombre des bas-reliefs où le défunt est à cheval ou à

(-1) Un serpent gardait le sanctuaire d'Eleusis. Sur un bas-relief romain, Vesta donne à boire à

Hésiod. ap. Strab., IX, 393.— Sur une stèle fu- un serpent dans la patère qu'elle tient à la main

néraire attique, un personnage adore un serpent. (Fabretti, ad Tab. IL, p. 339), comme sur de nom-

V. Conze, Ann. dell' Inst. archeol., 1864, p. 198. breux monuments grecs Pallas et Hygie.
 
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