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Rayet, Olivier [Hrsg.]
Monuments de l'art antique (Band 1): Art égyptien - sculpture grecque, époque archaiqüe; sculpture grecque, seconde moitié du Ve siècle et première du IVe — Paris, 1884

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https://doi.org/10.11588/diglit.13859#0152
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MONUMENTS DE L'ART ANTIQUE.

Mais, puisque vous insistez pour avoir au moins, sur cet ouvrage, le sentiment et
les réflexions d'un artiste, j'essayerai de vous dire ce qu'il m'en semble, tout en
réclamant bien sincèrement l'indulgence de vos lecteurs.

D'après ce que l'on sait du Doryphore (ou porte-lance), c'était la figure d'un
jeune homme dont les formes atteignaient déjà un développement viril : il semblait
également propre à la guerre et aux exercices de la palestre. Ses proportions étaient
si parfaites qu'on l'avait surnommé le canon ou la règle. Aussi était-il considéré
comme un modèle par excellence. On en étudiait le principe, les divisions, les
contours; on suivait le canon comme une loi. De la sorte, ajoute Pline, Polyclète,
seul entre tous, passait pour avoir résumé l'art lui-même dans une œuvre d'art.

Si l'on cherche à quels caractères étaient reconnaissables les ouvrages du
grand maître qui avait porté si haut la science et la pratique de la statuaire, on
apprend que les proportions dont il se servait étaient plus larges et plus courtes que
celles que l'on adopta depuis, et que, s'il avait élevé la forme humaine jusqu'à
l'idéal, il était resté au-dessous de la majesté divine. Tel est le témoignage de Quin-
tilien. Avant lui déjà, Varron émettait une opinion analogue en disant que les
figures de Polyclète étaient carrées et faites, presque toutes, sur le même patron.
Nous ne voulons pas considérer ces appréciations comme des critiques, mais plutôt
comme des renseignements précieux. . Pour nous , elles indiquent que l'artiste
continuait les traditions des écoles doriennes, qu'il leur avait donné leur expression
la plus complète, et aussi qu'il se conformait aux règles que lui-même avait posées.
Mais il avait, paraît-il, développé d'une manière incontestable l'art de ses prédéces-
seurs; car, le premier, il avait imaginé d'établir sur une seule jambe le point d'appui
des statues. Quelle qu'en soit la signification exacte, cette tradition nous fait com-
prendre que Polyclète avait déterminé avec plus de précision que ses devanciers
toutes les conditions d'équilibre de la figure humaine et qu'il y avait introduit à un
plus haut degré, avec le rythme, le mouvement et la variété.

D'après ces indications, on peut dire que la statue du musée de Naples répond
bien à l'attribution qui lui a été donnée. Son aspect, sa composition, ses propor-
tions ne démentent point le texte des auteurs. Le corps porté sur la jambe droite,
le jeune homme s'avance lentement et d'un pas léger. De la main gauche il tient sa
lance ; le bras droit est pendant, mais s'écarte légèrement de la hanche : malheu-
reusement la main qui le termine est restaurée. Le mouvement, dans son ensemble,
est simple et bien cadencé. Les formes sont établies par masses et par divisions
carrées. Les cheveux, détaillés en un grand nombre de petites mèches un peu
frisées, sont collés sur le crâne, comme il convient à un guerrier et à un athlète.
L'ensemble donne l'idée d'une force redoutable; mais on sent que cette force
est réglée par la discipline et par l'exercice. Elle est sans ostentation; elle se
laisse voir, elle s'oublie, et la jeunesse qui la tempère s'y montre par une sorte
 
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