Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,2=12.1868)

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» soumettre. Ce pauvre sultan était au désespoir cl se
» voyait perdu, lorsque sa fille, appelée Elgïe-bent-Boi-
» sis-ben-Nazcr (1), se fit apporter ses vêtements les plus
» beaux et, s'étant vêtue, monla à cbeval, appela les
» femmes et les filles ses parentes ou ses amies, qui
» montèrent aussi à cheval. Elle harangua les femmes
» en leur disant : — Puisque ces hommes n'ont pas le
» courage d'aller contre les Turcs, qui viendront bientôt
» nous violer à leurs yeux, allons nous-mêmes vendre
» chèrement noire vie et notre honneur, et ne restons
» plus avec ces lâches. — Puis découvrant sa gorge et
» la montrant aux hommes, elle leur cria : — Enfanls
» de Nazer, qui voudra sucer de ce lait n'a qu'à me
» suivre ! — Les Arabes, piqués de l'héroïsme de celte
» fille, donnèrent sur les Turcs avec tant de violence
» qu'ils défirent le camp, remportèrent une partie du
» bulin qui leur avait élé enlevé, firent prisonnier le
» khalifaet dépouillèrent tous les Turcs. Voilà une aclion
» qui mérite d'être conservée dans l'histoire. L'on voit
» que, dans tous les pays, on trouve des femmes fortes,
» des Jeanne-d'Arc, des Pucelle d'Orléans (2). »

Peyssonnel cite encore une autre femme, la princesse
Aumoni (lisez Oum-IIani), femme d'un chef qui comman-
dait clans le Sahara, et qui, après la mort de son mari,
prit le commandement de ces peuples. « Elle va elle-
» même, dit-il, à la tête de son armée; elle a livré plu-
» sieurs combats aux Turcs et fait des actions de bra-
» voure mémorables, qui l'ont fait considérer et craindre
» tant de ceux de sa nation et de ses voisins que des

(1) Lisez : Euldjia-*i>ent-Bou-Aziz-ben-Naceur.

(2) Même ouvrage, page 292 et suivantes.