Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,3=13.1869)

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solution, pour un instant s'occuper des affaires du gou-
vernement, ce n'était que pour dicter quelque arrêt de
mort ou extorquer le bien de ses sujets.

C'est ainsi que, le lendemain même de son installation,
il donna une preuve de son caractère vindicatif.

Au milieu de son triomphe, il n'avait pas oublié que,
traversant le territoire des Beni-Ameur pour se rendre
d'Alger à son nouveau poste, il avait été assailli par la
pluie et la neige, et que la première porte où il avait
frappé pour demander l'hospitalité, lui avait été impitoya-
blement refusée. Le lendemain, dissimulant son dépit et
son ressentiment, il se contentait de prendre le nom du
propriétaire qui, il faut le dire, avait été, en celte ren-
contre, bien mal inspiré, et poursuivait sa route.

A quelques jours de là et à celte même porte, se pré-
sentaient quatre cavaliers qu'à leur cosîume aussi bien
qu'à leur air, on devinait facilement pour être les exécu-
teurs d'ordres émanés d'un maître tout puissant. Celle
fois, sans même qu'il fut besoin de répéter l'injonction,
la porte de l'humble chaumière s'ouvrit. Ed-l)cbbah,
c'était le nom du propriétaire, fut pris, garolté, bruta-
lement arraché des bras de sa femme et de ses enfants,
el conduit à Conslantine.

Arrivé en présence du bey, quelle ne fut pas sa stupeur,
lorsqu'il reconnut dans la personne de son juge, ce même
voyageur qu'il avait éconduit d'une façon si peu courtoise
et qui, à cette heure, fixait sur lui des yeux de tigre prêt
à dévorer sa proie :

— Me reconnais-tu bien ? lui dit le bey d'une voix for-
midable. Sais-tu bien que je suis celui-là même à qui tu
refusas l'hospitalité, il y a quelques jours à peine ?