Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

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de précipices, tantôt gravissant d'énormes hauteurs, tantôt

descendant au fond des plus affreuses gorges, dans les-
quelles le soleil ne pénètre jamais, et où les hommes et
les bètes ont peine à poser le pied. Ce sont des retraites
inabordables ; là, au milieu de fougères et de genêts gi-
gantesques, à travers lesquels on ne peut se frayer un
passage qu'avec la hache et la pioche, l'ennemi peut, en
temps de guerre, cacher ses forces ou se dérober. Les
Kabiles, et nous en avons fait longtemps nous-mêmes
l'expérience, glissent au milieu de ces broussailles comme
des bêtes fauves, et excellent surtout dans les attaques
de nuit.

Le pays, à l'ouest du méridien de Gigelli, ne possède
pas, à proprement parler, de cours d'eau important; les
vallées sont excessivement étroites, et, comme les mon-
tagnes se rapprochent beaucoup de la mer, la plus grande
partie des eaux s'écoule par le sud et forme l'oued Richïa
et l'oued* Djendjen.

Cependant, à l'extrémité du cercle coule l'oued Ague-
rioun, rivière importante, dont le lit passe au travers de
cette curieuse et gigantesque fissure de terrain, connue
sous le nom de Chabet el-Akhra. C'est contre les parois
escarpées et à pic de la roche, qu'a été tracée celle route
reliant Selif au littoral, qui cause l'admiration des voya-
geurs et qui deviendra bientôt un but de promenade pour
nos touristes algériens (1).

lions, des chacals, des hyènes; comme gibier, on y trouve la perdrix
rouge, la caille, le canard, l'oie, le pigeon, la tourterelle, etc.

(1) La première reconnaissance du Chabet fut faite par M. le commandant
Capdepont, alors chef de l'annexe de Takitount. C'est à cet officier qu'ap-
partient l'idée première d'un tracé de route de Bougie à Setif par ce
passage.