Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

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verles de magnifiques forêts où les chênes dominent (1).

Le pays de Gigelli est probablement celui des Pilhe-
cusa de Scylax, mot qui, en grec, signifie pays des singes.
Les singes y fourmillent encore de nos jours; on y trouve
également, en grande quantité, des chais sauvages, des
panthères et autres animaux de la race féline signalés par
Diodore (2). Dans ces montagnes rudes et très-élevées,
rapportent les historiens de l'antiquité, le général cartha-
ginois Agathocle trouva une population pauvre et belli-
queuse, nommée les Maurusii (Maures), laquelle habitait,
pèle-mêle, avec les singes, auxquels elle rendait des
honneurs divins. La population accourut de toute part
pour marcher contre l'armée grecque, qui se hâta de se
retirer vers la côte. Quant à cette cohabitation des singes
et des hommes, nui doute que ce ne soit une fable comme
celle des Gorgones, et nous serions tenté de regarder éga-
lement le reste du récit comme une vanterie de soldat,
s'il n'était confirmé en partie par les dispositions natu-
relles du terrain.

L'àprelé de ces montagnes, les forêts épaisses qui les
couvrent, ont fait à toute époque de ce pays le point
central des insurrections, et un lieu de refuge, où ceux
qui voulaient se soustraire à l'autorité étaient sûrs de
trouver un asile inviolable. A plusieurs siècles de distance,
on voit, en consultant l'histoire, des événements presque
identiques se reproduire dans les mêmes régions; les
Tacfarinas et les Firmus de l'époque romaine ont eu de
nombreux imitateurs après l'invasion musulmane, et, dans

(1) Diodore, XX.

(2) Le commerce et la navigation de l'Algérie, par M. Elie de la Pri-
maudaie.