Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

se décida à se remettre entre les mains de l'envoyé de
Bélisaire.

Terminons par la description que fait Procope de la
peuplade chez laquelle Gélimer avait trouvé asile ; nous
verrons que les siècles ne l'ont guère changée :

« Ces Maures passent leur vie, été comme hiver, clans
d'étroits gourbis, d'où ne les chassent, ni l'accumulation
des neiges, ni les ardeurs du soleil, ni les autres incon-
vénients naturels des lieux. Ils couchent sur le sol, s'es-
timant heureux s'ils peuvent y étendre une peau. Ils n'ont
pas l'habitude de changer de vêtements suivant les
saisons; un grossier surtout, une tunique à longs poils,
forment leur garde-robe à perpétuité. Ils ne consomment
ni pain, ni vin, ni aucun des aliments de l'homme. A.
l'exemple des animaux, ils se nourrissent de blé, de petit
épeaulre, d'orge, non cuiis, non réduits en farine, mais
tels que la nature les produit. »

On a vu que la retraite de Gélimer était dans la partie
extrême de la Numidie, par rapport à ses ennemis qui
venaient de l'est. C'était donc auprès de la frontière occi-
deniale. Or, comment appliquer celte désignation si posi-
tive au mont Edough, qui est à plus de quarante lieues
en-deçà de celte même frontière ?

Si l'on prenait même dans un sens rigoureux le nom
de Maures, que Procope donne aux indigènes chez les-
quels se réfugia Gélimer, ceux-ci auraient appartenu à la
Mauritanie, non à la Numidie; ei il faut, dès-lors, cher-
cher leur pays à l'ouest de l'Amsaga (oued el-Kebir, Rou-
mel), et tout près de ce fleuve limite.

D'un autre côté, si l'on réfléchit que l'Edough est aux
portes d'Hippone, cette ancienne ville royale (Régius) de-