Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

meurée une cité importante, on comprendra difficilement
que les indigènes aient pu persister à l'état de véritables
sauvages, à deux pas d'un aussi grand centre d'influence
romaine.

Ajoutons enfin, pour clore celle digression, que les abords
de l'Edougb sont loin de présenter les difficultés d'as-
cension signalées par Procope, Sa description topogra-
phique convient mieux à Tune des montagnes abruptes
de la Kabilie orientale, qui s'élèvent sur les bords de
l'Amsaga, derrière Gigelli, Quant aux mœurs des habi-
tants, nous verrons plus loin qu'elles sont, encore au-
jourd'hui, à peu près telles que les signalait Procope,
il y a plus de quinze siècles.

Les plus anciens habitants de la Kabilie orientale
auraient été les Khitones, qui, a'u dire de Ptolémée, habi-
taient à l'embouchure de l'Amsaga. Assujettis tour à tour
aux Massesyliens et aux Maures d'occident, ces peuples
tombèrent ensuite sous la domination romaine. L'invasion
gélulienne du deuxième siècle mit fin à leur existence,
et ils furent remplacés dans leurs demeures parles Géda-
lousiens, venus du désert et qui s'établirent sur la côte
autour d'Igilgili. Lors de la décadence de l'empire, les
Babares ou Sababarcs, que Ptolémée avait connus dans
le désert, se mirent, à leur tour, en mouvement et se
jetèrent sur le Tell. Les Babares s'établirent dans la Ka-
bilie orientale et ont conservé jusqu'à nos jours leur nom
(Babor), leurs mœurs et leur caractère indépendant (1).

Au temps où les Gédalousiens nomades s'emparaient
des environs d'Igilgili, une autre peuplade, venue égale-

(1) Ethnographie de l'Afrique septentrionale, par M. Tauxier.