Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

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pénibles travaux auxquels on pouvait l'astreindre, il fallait
qu'elle vécut et qu'elle mourut dans la nouvelle famille
dont elle était la propriété exclusive; c'était souvent le
souffre-douleurs, la bête de somme de parents rancuniers
et inbumains : le sang devait payer le sang.

Je crois pouvoir menlionner ici un us;ige des monta-
gnards de l'Aurès, ces Kabiles du sud de la province de
Constantine. Mon intention est de donner un aperçu com-
paratif de la femme cbez ces peuples berbères.

Lorsqu'une femme, entraînée par les conseils d'un
amant, voulait abandonner le toit conjugal, elle employait
le moyen en usage, nommé la guerba, l'outre qui sert à
porter l'eau. Elle se rendait, comme d'habitude, à la fon-
taine pour y faire sa provision d'eau ; là, elle soufflait et
emplissait d'air sa peau de bouc, qu'elle abandonnait aux
abords de la fontaine; puis elle allait rejoindre son
amant.

Le mari abandonné ne lardait pas à s'apercevoir de
l'absence de sa femme : la peau de bouc remplie de vent
lui expliquait clairement son départ ; c'était chose usuelle.
Dès qu'il connaissait le nom du ravisseur, il se rendait
chez celui-ci en aimes, accompagné de ses frères et
amis. Il fallait que l'amant préféré restituât immédia-
tement la dot, ou que mort d'homme s'en suivit. La dot
payée, l'honneur était satisfait et la femme restait chez
son amant. Il arrivait cependant que l'affaire ne se ter-
minait pas toujours à l'amiable, et quand les rivaux s'en-
têtaient l'un et l'autre, l'effusion du sang devenait inévi-
table.

En d'autre cas, si un mari se dégoûtait de sa femme
et convoitait celle de son voisin, il proposait un échange