Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

améliorer les terres de culture, quelquefois aussi pour
éloigner la bête fauve qui attaque les Iroupeaux. Ce pro-
cédé primitif, on le trouve en usage de tout temps chez
le peuple arabe et dans tous les pays musulmans. Par
un vent de siroco, l'incendie se propageait avec une
effrayante rapidité, dévorant tout sur son passage. Combien
de fois, du pont du bateau naviguant le long du littoral,
les voyageurs n'ont-ils pas contemplé, pendant la nuit,
ces immenses embrasements de la montagne, semblables
à une illumination de géants. C'est grâce k la puissante
vitalité de la végétation algérienne, que les forêts n'ont
pas été détruites depuis longtemps, et qu'elles ont réparé
spontanément le mal causé par ces incendies systéma-
tiques. On sait d'ailleurs que les chênes-liége non encore
dépouillés de leur écorce, c'est-à-dire qui n'ont pas subi
l'opération du démasclage, sont peu exposés aux atteintes
du feu, dont ils sont généralement garantis par une enve-
loppe épaisse et de nature peu inflammable.

Des mesures sévères de répression ont du être prises
dès le début pour empêcher de nouvelles dévastations;
mais, aujourd'hui, les Kabiles sont, eux-mêmes, les ouvriers
les plus actifs et les plus vigilants gardiens des chantiers
d'exploitation européenne. Ils comprennent tout l'intérêt
qu'il y a, pour eux, de conserver et d'améliorer progres-
sivement les forêts, source de richesses qui leur procure
un travail régulier, un salaire assuré, sans trop les éloi-
gner de leurs famiiles.

Je ne reparlerai pas ici de l'exploitation des forêts de
chênes-zan des Beni-Four'al, que les Turcs faisaient faire
à leur profit pour les besoins de la marine algérienne.
Le lecteur trouvera à ce sujet des détails très précis