Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

très-ardents, prirent les armes les premiers, expulsèrent
de l'Afrique le prince aghlebide, et reconnurent pour
khalife un prince fatemide. Cette grande révolte ayant
pris naissance dans les montagnes voisines de Gigelli, il
importe d'entrer dans quelques détails à ce sujet, et d'en
indiquer bien exactement les premières phases.

Après la mort de Mahomet, son gendre et cousin, Ali,
avait espéré obtenir le commandement temporel et spiri-
tuel des musulmans. De là, l'origine de rivalités et de
luttes qui éclatèrent dans le sein de la nation arabe. Les
uns voulaient que le droit de choisir le chef de l'état et
de la religion appartint au corps entier des fidèles, tan-
dis qu'Ali prétendait que sa famille seule devait hériter
de l'autorité du prophète. On prit les armes de part et
d'autres; mais les partisans d'Ali, nommés Alides ou
Fatemides, ayant été battus dans plusieurs rencontres, se
dispersèrent pour échapper à la mort. Quelques-uns de
ces fuyards passèrent en Afrique, où ils trouvèrent les
Berbères bien disposés à embrasser leurs doctrines. Ce
peuple ne cherchait que des prétextes pour résister à la
domination arabe; et si, dans les premiers temps, il ne
savait entreprendre une révolte sans se jete.r dans l'apos-
tasie, il apprit alors à s'insurger sans cesser d'être mu-
sulman.

Des missionnaires partis de l'Orient travaillaient à ga-
gner des prosélytes à la cause d'ObeiiUAllah, qui aspirait
à l'imamat, e'est-à-uire à l'héritage de l'autorité tempo-
relle et spirituelle de Mahomet, dont il se prétendait le
descendant. L'un de ces missionnaires s'établit à Souk-
Djemà ou SuuJ-lijmar, dans le pays des (Ce l'a ma (1). Dès

(1) Souf-Djemar, eu berbère rivière du gravier, équivalent du nom