Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

tagnes, où elle construisit un fort. Pendant l'hiver, elle
revenait habiter la côte ; mais au retour de la belle saison,
à l'approche de la flotte sicilienne, elle se retirait de nou-
veau dans l'intérieur du pays. Cela n'empêchait pas le
commerce de prospérer. Les Kabiles se battaient pendant
un jour ou deux, et venaient échanger le lendemain, avec
une extrême confiance, leurs produits agricoles et indus-
triels contre les marchandises normandes.

Les Siciliens, profilant d'une disette qui faisait horrible-
ment souffrir les habitants de toute l'Afrique septen-
trionale, au point que l'on en vint à manger de la chair
humaine, étendirent leurs conquêtes. Plusieurs villes du
littoral tombèrent entre leurs mains. Mais cette posses-
sion ne leur était possible qu'à la condition de la con-
tinuation de l'anarchie qui régnait dans le pays. Ils se
maintinrent tant que l'Afrique fut divisée; mais ils ne
purent résister à Abd-el-Moumen, qui s'approchait avec
des forces d'une supériorité écrasante et le prestige d'une
souveraineté reconnue par les plus puissantes tribus du
Moghreb. Yahïa, roi de Bougie, dut prêter serment de
fidélité au nouveau conquérant, qui l'exila à Salé, dans le
Maroc, où il mourut. Dès lors, les Siciliens furent chassés
de toutes les villes dépendant du royaume de Bougie et,
par conséquent, de Gigelli.

Les géographes arabes nous apprennent que la colonie
d'Igilgili, devenue cité arabe, était toujours une place
maritime et commerciale d'une certaine importance :

« Les habitants de Gigelli, disent-ils, sont très sociables,
amis des marchands et pleins de bonne foi dans leurs
transactions. Ils s'adonnent presque tous à l'agriculture,
quoique le sol qu'ils cultivent soit ingrat et ne produise