Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

de Gigelli, y avaient bâti un château. Par l'entremise de
ces mêmes pêcheurs, ils écrivirent aux principaux habi-
tants de celte ville qu'ils se- tinssent prêts à se joindre à
eux, lorsqu'ils seraient en mesure d'attaquer les Génois.
Puis, ayant disposé immédiatement quelques pièces d'ar-
tillerie pour battre la place, ils s'approchèrent de la plage
voisine, où ils opérèrent leur descente, ne laissant dans
leurs navires que le monde nécessaire pour les garder.

A leur approche, les habitants de Gigelli, ainsi que les
musulmans de la campagne, se joignirent à eux et, tous
réunis, ils vinrent mettre le siège devant la forteresse où
s'étaient retirés les chrétiens. En peu de jours, on par-
vint à établir une brèche, et Kheïr-Eddin, à la tête de ses
Turcs, monta le premier à l'assaut. Les Génois, conster-
nés, ne se défendirent que faiblement et bientôt deman-
dèrent quartier. Kheïr-Eddin fit six cents esclaves et
s'empara d'un butin immense, qu'il distribua à tous ceux
qui avaient pris part à cette victoire, sans établir de dis-
tinction entre les Turcs et les indigènes, Il s'occupa en-
suite à réparer le château et le remit en bon état à la
garde des habitants de Gigelli (1).

Lorsque les populations environnantes connurent les
succès d"Aroudj et de Kheïr-Eddin, il se rassembla au-
près d'eux plus de vingt mille Kabiles conduits par leurs
marabouts (2).

(1) Ce château consislait en une tour carrée, d'une douzaine de mètres
de haut, défendant la chaussée qui reliait la presqu'île à la terre ferme.
Attenant à la tour, étaient des dépendances servant de logements et de
magasins; — tout a disparu aujourd'hui, par suite du tremblement de
terre de 1856.

(2) Fondation de la régence d'Alger, chronique du XVIe siècle, par
Sauder-Ranq.