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car, hélas ! nous nous trouvons réduits à une bien pé-
nible situation (1). »
Alger subissait, depuis l'an 1510, le joug des Espagnols,
qui, pour tenir en respect sa population maritime et l'em-
pêcher de se livrer de nouveau à la course contre les
chrétiens, avaient construit une solide forteresse, en face
de la ville, sur l'ilôt où existe aujourd'hui le phare.
'Aroudj Raïs accueillit avec empressement les envoyés algé-
riens, et leur promit de les débarrasser de la garnison
espagnole, établie à portée de pistolet de leurs remparts.
Bien qu'il n'eut que deux galioîes seulement à sa dis-
position, 'Aroudj, ne consultant que son zèle pour l'isla-
misme, fit immédiatement voile vers Alger; mais avant de
partir, il recommanda à ses fidèles amis, les habitants de
Gigelli, de prier de sa part son frère Khëïr-Eddin, lors-
qu'il reparaîtrait chez eux, de lui envoyer une troupe de
ses braves compagnons avec lesquels il put attaquer les
chrétiens.
Kheïr-Eddin ne tarda pas, en effet, à se montrer à Gi-
gelli. Les habitants, transportés de joie, accoururent au
devant de lui et l'accueillirent comme leur souverain. Ils
s'acquittèrent de la commission dont les avait chargés
son frère, et Kheïr-Eddin lui envoya immédiatement deux
cent quatre-vingts Turcs avec toutes les munitions qui
leur étaient nécessaires. A l'aide de ce renfort et de plu-
sieurs milliers de Kabiles auxiliaires, que Ben-el-Kadi lui
(4) L'auteur indigène qui fournit le texte de cette lettre, commet une
erreur. Gigelli venait d'être enlevé, en effet, aux Génois; mais Bougie,
bien qu'attaqué avec acharnement, resta encore longtemps au pouvoir
des Espagnols. C'est par pure flatterie, je suppose, qu'il leur attribuait
déjà à cette époque la conquête de Bougie.
car, hélas ! nous nous trouvons réduits à une bien pé-
nible situation (1). »
Alger subissait, depuis l'an 1510, le joug des Espagnols,
qui, pour tenir en respect sa population maritime et l'em-
pêcher de se livrer de nouveau à la course contre les
chrétiens, avaient construit une solide forteresse, en face
de la ville, sur l'ilôt où existe aujourd'hui le phare.
'Aroudj Raïs accueillit avec empressement les envoyés algé-
riens, et leur promit de les débarrasser de la garnison
espagnole, établie à portée de pistolet de leurs remparts.
Bien qu'il n'eut que deux galioîes seulement à sa dis-
position, 'Aroudj, ne consultant que son zèle pour l'isla-
misme, fit immédiatement voile vers Alger; mais avant de
partir, il recommanda à ses fidèles amis, les habitants de
Gigelli, de prier de sa part son frère Khëïr-Eddin, lors-
qu'il reparaîtrait chez eux, de lui envoyer une troupe de
ses braves compagnons avec lesquels il put attaquer les
chrétiens.
Kheïr-Eddin ne tarda pas, en effet, à se montrer à Gi-
gelli. Les habitants, transportés de joie, accoururent au
devant de lui et l'accueillirent comme leur souverain. Ils
s'acquittèrent de la commission dont les avait chargés
son frère, et Kheïr-Eddin lui envoya immédiatement deux
cent quatre-vingts Turcs avec toutes les munitions qui
leur étaient nécessaires. A l'aide de ce renfort et de plu-
sieurs milliers de Kabiles auxiliaires, que Ben-el-Kadi lui
(4) L'auteur indigène qui fournit le texte de cette lettre, commet une
erreur. Gigelli venait d'être enlevé, en effet, aux Génois; mais Bougie,
bien qu'attaqué avec acharnement, resta encore longtemps au pouvoir
des Espagnols. C'est par pure flatterie, je suppose, qu'il leur attribuait
déjà à cette époque la conquête de Bougie.