Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

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avancé, au pied de la redoute ruinée, résolu de périr et
de faire connaître qu'il n'était pas indigne de l'honneur
que Votre Majesté lui avait fait. Mais M. de la Guillotière,
qui jugeait qu'il rendrait un plus grand service en con-
servant les troupes, dont il crut la perte infaillible, vint
chez moi où j'étais allé pour écrire à Votre Majesté, et lui
rendre compte des choses par un vaisseau qui [tassait ; et,
comme je lui eus fait lire ma lettre, il médit qu'elle était
inutile'dans l'extrémité où nous étions, et qu'il était temps
de prendre le parti de ta retraite, et sans défense et sans
aucune ressource, et qu'il venait me le déclarer comme
à un homme que Votre Majesté avait envoyé pour prendre
connaissance de toutes choses.

> J'avoue que je ne pus lui dissimuler ma douleur dans
ce moment, et ma répugnance sur cette proposition ; mais,
il ajouta qu'il fallait absolument un conseil de guerre et
promplement; qu'il me priait de l'aller demander, de sa
part et de toute l'armée, à M. de Gadagne, et comme il
s'aperçut que j'avais de la peine à me charger de cette
commission, il me dit qu'en qualité d'homme du roi, je
ne pouvais la refuser, et qu'il me rendait caution de la
perte de toutes les troupes. Je crus après cela qu'il était
de mon devoir d'aller avertir M. de Gadagne ; je le trouvai
dans les mêmes sentiments où je l'avais laissé, qui étaient
de périr et de suivre plutôt le parti du désespoir que de
la retraite, ne voulant point tenir le conseil sur ce sujet.
Mais comme plusieurs officiers vinrent lui donner avis
qu'il se faisait des assemblées dans le camp, et que même
les soldats parlaient haut sur l'extrémité où ils étaient, il
crut qu'il était à propos de rétablir les choses par sa pré-
sence, et par cette considération, il descendit dans le camp.