Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

— 458 —

chevalier de Codoni, laquelle ne put démarrer parce
qu'elle était Irop chargée du côié de terre; et comme
les Turcs voulurent entrer dedans et les charger, le
chevalier de Sl-Germain se jeta à terre, l'épée à la main,
avec trois soldats, en lua deux et les arrêta. Codoni ne
put les suivre parce qu'il fut blessé d'abord d'un coup
de mousquet dans la cuisse; mais les ennemis vinrent en
foule sur eux, ils se jetèrent à la nage pour rattraper le
bateau. Le chevalier de Sl-Germain reçut deux coups de
mousquet dans l'eau, et comme il entrait dans la barque,
un à la têle qui le tua tout raide.

» M. de Gadagne, voyant une vingtaine de soldats à la
nage, revint avec sa chaloupe droit au marabout sous le
feu des ennemis (celle de Monlgimont à son exemple
ayant fait de même), et avec beaucoup de risques, il en
sauva quatorze. Duclos y fut blessé au travers des joues,
un matelot tué et deux blessés (1). On peut dire que c'est
la seule occasion chaude que l'on vit dans la retraite, car,
elle dura un gros quart d'heure, après quoi il alla re-
joindre les vaisseaux et l'armée fit voile. Je puis assurer
toutes ces choses à Votre Majesté comme en ayant été
témoin, et n'ayant pas quitté M. de Gadagne d'un pas. j>

« Signé : CASTELLAN. »

(i) La retraite, qui s'était d'abord effectuée assez bien, devint ensuite,
selon l'expression du comte de Gadagne, aussi honteuse qu'une fuite. On
fut obligé d'abandonner 36 pièces d'artillerie gravées aux armes de
Fiance, faute des instruments nécessaires pour remuer et embarquer ces
lourdes masses.

Une trentaine de soldats, chez qui l'ivrognerie fut plus forte que l'amour
de la vie, furent sabrés par les Turcs sur quelques tonneaux de vin aban-
donnés.