Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

core (lavan!âge la couleur de la terre, il marche an combat
en rampant comme un chat, [)rofila.nl île la moindre as-
périté de terrain pour s'embusquer. Il guette ainsi le
moment où il pourra ajuster son ennemi et ie frapper
sans s'exposer à ses coups. S'il échoue, la fuite ne le
déshonore point, car son système est, avant tout, de causer
du mai sans s'exposer à en recevoir lui-même.

Quelle était l'altitude et l'esprit de l'armée de débar-
quement devant Gigeili ? On était alors au mois d'octobre,
époque de l'année où les chaleurs sont encore accablantes
sur la côte d'Afrique. Le matériel et l'équipement mili-
taires n'étaient guère appropriés au climat; le costume
même des officiers et soldats était fort défectueux et gênant
pour faire la guerre à des hommes comme les Kabiles.
Ces casaques brodées ou ces cuirasses élincelantes servant
de point de mire, ces feutres empanachés sur une perru-
que étouffante, ces vêtements ornés de dentelles et de
rubans; enfin, les larges baudriers et les bottes à chaudron
étaient, en résumé, fort incommodes, quand il fallait se
mouvoir avec prestesse. L'inexpérience de la manière de
combattre des montagnards berbères, dont on méprisait
beaucoup trop la valeur, faisait que, soldats et officiers,
avec ceLte témérité chevaleresque du temps, s'avançaient
vaillamment à découvert, s'exposant aux coups d'un
ennemi souvent invisible et ne tirant qu'à coups sûrs.
Ces bravades nobles et belles, mais complètement stériles
et superflues, en présence d'un ennemi sauvage, éclair-
cissaient, les rangs de l'armée, composée d'une jeunesse
valeureuse, et compromettaient ainsi le succès de la
campagne. Mais tel a toujours été le caractère français,
et il ne serait pas impossible que quelque document du