Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

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La masse des indigènes de la province ne vit et ne
comprit que ce qui peut s'appeler le côté matériel de la
révolte. Naturellement, nous avons d'abord partagé cette
opinion, parce qu'elle était la plus répandue ; repoussant
dès lors la version du capitaine Sander-Rang, comme non
fondée, on avait cru devoir adopter celle tenant à des
causes purement locales. Mais le mystère qui présida, en
quelque sorte, au mouvement insurrectionnel, devait nous
être révélé, un jour ou l'autre, par des gens mieux in-
formés. C'est ce qui a eu lieu à l'aide des documents
authentiques possédés par la famille des Oulad-Amokran,
parfaitement initiée, en outre, aux événements de sa
patrie, et qui nous expliquent le lien des événements et
l'influence de certains personnages historiques.

Lesjchei ifs qui habitent le Maroc avaient jadis l'habi-
tude de désigner l'un d'entre eus pour conduire en Orient
le rekab, ou la grande caravane de pèlerins moghrebins
se rendant annuellement à la Mecque. Ce cherif prenait
le nom d'émir Bou-Dali, c'esl-a-dire d'émir qui, à son
tour, était, pendant toute la durée du voyage, investi du
commandement de la caravane.

Vers le commencement de ce siècle, l'émir Bou-Dali
El-Hadj-Mohammed-ben-el-Harche, suivi de ses compa-
gnons marocains et d'une foule d'autres pèlerins de
l'Algérie, de la Tunisie et de la Tripolilaine, qui avaient
pris place dans les rangs de la caravane allant à la
Mecque, traversait l'Egypte où Bonaparte avait planté le
drapeau de la France. A cette époque, Kléber et ensuite
Menou, réduits à leurs propres ressources par un étroit
blocus qui les privait môme des nouvelles de la patrie,
avaient à résister contre des ennemis sans nombre et de