Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

religieux de Si Abd-er-Rahman, qui compte de nombreux
adeptes dans ces montagnes, et qu'il avait, à ce titre,
plié sous sa dépendance la majeure partie des Kabiles.
Nous savons combien sont développées les ramifications
de ces congrégations musulmanes, communiquant entre
elles, de l'orient à l'occident, à l'aide d'agents mysté-
rieux. Gela nous explique ces levées de boucliers subites,
au moment où le calme le plus parfait semble, en appa-
rence, régner parmi les populations africaines.

A celte époque, le cherif Bou-Dali-ben-el-Harche avait
déjà fait son apparition aux environs de Gigelli ; Zeboucbi
lui écrivit et lui fit part de la haine profonde qu'il nour-
rissait contre le bey Osman. Cette alliance donna bientôt
aux deux fauteurs de troubles une activité et une in-
fluence, dont chacun aurait probablement manqué en
particulier, dans l'entreprise hardie qu'ils avaient conçue
l'un et l'autre de renverser le gouvernement des Turcs.
Elle nous explique aussi la facilité avec laquelle le cherif
parvint à se créer des partisans dans certaines parties
d'un pays où il était encore inconnu. Zebouchi et le cherif
surent attacher à leurs passions l'intérêt de la multitude,
en promettant le pillage, idée assez séduisante pour émou-
voir des Kabiles et les déterminer à l'attaque de Cons-
tanline. Les esprits bien préparés à la lutte, et les chefs
religieux de la contrée lui prêtant le concours de leur
influence, le cherif Ben-el-Harche n'avait plus à hésiter.
Avant de se mettre en marche, il eut encore plusieurs
conférences avec les montagnards des Beni-Fergan, puis
avec les Beni-Amran, et il passa enfin une sorte de revue
de son armée dans la plaine de Mordj-Souker.

Les compagnons du cherif, frappant en cadence sur des