Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

vérification ne vint pas à la pensée des crédules Kabiles ;
et c'est dommage, car ils auraient, trouvé, à quelques
pouces au-dessous du sol, un- compère de Bel-Ilarehe,
caché dans un tombeau et. faisant entendre sa voix de
simple mortel par deux ouvertures adroitement dissimu-
lées sous des touffes d'herbes (1).

La mission de Bel-Harche étant révélée et acceptée, il
ne restait plus qu'à entrer en campagne. Le rebelle sa-
chant bien qu'avec les Kabiles, il ne fallait pas négliger
la question temporelle, harangua ses partisans en ces
termes :

« Marchons sur Constanline ! quand nous y serons
entrés, nous la pillerons; les biens des habitants et leurs
femmes seront à nous et leurs maisons nôtres. »

Celte perspective, pour le moins aussi agréable à son
monde que celle du paradis, enflamma tous les courages
et l'on se mit en route. Les contingents rebelles, dont
le nombre grossissait d'étape en étape, se rendirent
d'abord à Bou-K'ioul, chez les Oulad-bel-'Afou ; de là,
aux Beni-Meslem, — aux Oulad-Aïdoun, — à Sefisfa des
Mouïa, à Sidi Mohammed-el-R'orab (jardin de Salah-Bey,
sur le Roumel). Le lendemain, ils attaquaient et pillaient
déjà les faubourgs de Constanline, lorsqu'une de ces
fausses alertes, qui se répandent plus rapidement qu'une
traînée de poudre, jeta la panique parmi les Kabiles, qui
se prirent à fuir. On avait fait courir le bruit que le bey
Osman, alors absent de Constantine avec ses troupes,
allait arriver d'un moment à l'autre. Le cherif suivit le
mouvement de retraite jusqu'à la plaine de Ouldjet-el-

(1) Berbrugger, Un Cherif Kabik, en 180b.