Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

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deux de ses fils. Le troisième fut éborgné : il vivait encore
chez les Beni-Telilan, il y a peu de temps, et c'est de
lui-même que nous tenons ce détail. Le cherif Boa-Dali
augura mal de toutes ces tentatives ; Zebouchi rassasié
de vengeance, n'était déjà plus l'âme de l'insurrection, et,
comme le reste des populations kabiles, il avait aban-
donné le cherif, tant était grande la stupéfaction causée
par cette victoire plus complète qu'on ne l'eût souhaitée.
Le marabout Zebouchi, qui joua un rôle si actif dans
tout ce qui précède, vécut encore plusieurs années. Je ne
raconterai pas toutes les absurdités qui se disent chez les
Kabiles au sujet des prétendues merveilles qu'il accom-
plit. La facilité avec laquelle ils admettent le moindre fait
sans nul examen, n'a rien qui doive nous étonner, puis-
que, chez eux encore plus qu'en pays arabe, le souvenir
des événements, même les plus importants, se transmet
par la tradition et la conversation.

Au mois de mai 4808, du temps de Tobbal-Bey, une
affreuse sécheresse désolait le pays ; les récoltes allaient
être perdues, la misère et la famine menaçaient les po-
pulations. Des prières publiques et des pèlerinages étaient
faits à tous les marabouts réputés jouir de certains pou-
voirs surnaturels Les uns étaient plongés dans l'eau
froide; chez d'autres, on faisait des sacrifices de bœufs,
de moutons ou de chèvres, pratiques superstitieuses et
accréditées chez des gens naïfs, qui rappellent celles des
temps du paganisme. Du reste, ne voyons-nous pas des
croyances semblables dans nos campagnes d'Europe,
quand nos paysans promènent processionnellement la
châsse d'un saint en renom? L'intention est la même
chez les uns et les autres : de faire pleuvoir.