Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

l'esprit des indigènes, mais chez beaucoup d'Européens,
lui ait fait considérer notre occupation comme tout à fait
provisoire. Du reste, au moment où, dans la province, la
lutte avec la France allait devenir décisive, à la veille de
la deuxième expédition qui devait se terminer par la prise
glorieuse de Constantine, El-Hadj-Ahmed cherchait sans
doute à raviver le courage de ses sujets en donnant
quelques dernières preuves de sa toute puissance.

Depuis dix-huit mois, le chef-lieu de la province était
en notre pouvoir, les janissaires composant la garnison
de Gigelli avaient d'eux-mêmes abandonné la ville, qui
n'était plus administrée que par un hakem, Si Tahar-
Amokran. Le caractère religieux de ce marabout tenait
les Kabiles en respect; mais l'état d'anarchie des tribus
était trop développé pour qu'il n'exerçât pas une cer-
taine influence sur les Gigelliens. C'est à ce moment, et à
la suite de divers incidents racontés plus loin, que le
gouvernement français songea à faire la conquête de
cette ville maritime.