Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

plateau d'El-Aroussa. On s'était battu depuis 7 heures du
malin.

Le 12, le général de Saint-Arnaud voulut laisser un peu
de repos à ses troupes, tout en faisant du mal à l'ennemi
rassemblé aux enviions du camp. Quatre bataillons sans
sacs et la cavalerie brûlèrent les villages des Oulad-Asker
el des Beni-Mimoun. — L'ennemi se montra en forces et
éprouva de grandes perles.

Le 13, la journée fut difficile et laborieuse; la route se
déroulait dans des bois, sur le tlanc de montagnes do-
minées par des positions qu'il fallait successivement pren-
dre el évacuer en marchant. L'ennemi, très nombreux,
était parloui; ou eut dit une fourmilière : en avant, sur
les flancs, en arrière, se glissant de buisson en buisson
pour tirer plus juste et de plus près ; les engagements
étaient vifs el fréquents. Le fïanquement du convoi était
aussi pénible que possible. Toutes ces difficultés furent
surmonlées, et on aurait eu à compter un souvenir glo-
rieux de plus, s'il n'avait été assombri par le regret des
pertes sensibles éprouvées par le 10 de ligne en flan-
quant le convoi. Deux compagnies de grenadiers de ce
régiment, pleines d'ardeur, mais sans expérience de la
guerre d'Afrique, dans une position très boisée, se laissè-
rent surprendre et tourner par un grand nombre de Ka-
biles, qui se glissaient inaperçus dans ces taillis épais et
leur tuèrent beaucoup de monde. Voici comment ce fait
est raconté très exactement, et en détail, par un officier
témoin oculaire de l'événement :

« Lorsque, pour tout chemin, il y a un étroit sentier
de deux pieds de large, descendant à pic les ravins,
courant le long des escarpements,. à droite, à gauche,