Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

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d'une telle incapacité, qu'on avait été obligé de lui reti-
rer des tribus que des considérations politiques avaient
d'abord placées sous son commandement. Celle diminu-
tion de son pouvoir, si bien motivée, du reste, en faisait
un mécontent. II y avait à craindre qu'il ne profilât un
jour d'une occasion favorable pour reconquérir ses
droits, et rien ne prouvait qu'il ne s'était pas servi de
celle que lui offrait une petite troupe d'une cinquantaine
d'hommes français et indigènes. D'un autre côté, le kaïd
Ben-Amirouch, qui s'était rallié à nous depuis fort peu
de temps, et commandait à une population très éner-
gique dont le souvenir d'une vieille indépendance était
loin d'être effacé, ne devait pas moins éveiller les soup-
çons : et c'est placé sous celte double impression, que le
colonel Robert commença ses investigations.

D'après tous les renseignements recueillis sur cette
affaire, il résulta que les instigateurs étaient les Moula-
Chokfa eux-mêmes, qui firent recruter par leurs servi-
teurs religieux, dans tous les environs, au nombre de
trois cents fusils, les gens sans feu ni lieu, auxquels on
promit de l'argent, et le coup avait été décidé, comme
nous l'avons dit, dans une cérémonie funèbre. L'attaque,
projetée avec le plus grand mystère de la part de Si El-
Ilaoussin, fut cependant connue de Ben-Amirouch. Celui-
ci, au lieu de la divulguer, chercha à la faire tourner à
son profit ; il s'opposa à toute tentative d'agression sur
son territoire, mais il favorisa assez habilement les dispo-
sitions hostiles de ces montagnards pour les faire retomber
conlre Si El-flaoussin. Celui-ci, se voyant menacé d'être
la victime du complot qu'il avait ourdi, prit le parti
d'instruire le colonel Robert de ce qui se tramait.